LE SUCCÈS du Sidaction 2006, qui a permis de recueillir plus de 6 millions d’euros, couronne une année 2005 plutôt en demi-teinte. Une année de Grande Cause nationale, «hélas! plus proche du noir que du blanc: pas d’augmentation du soutien global des pouvoirs publics à la lutte contre le sida en France; augmentation, en revanche, importante du nombre de contaminations», note Pierre Bergé, président de l’association. Malgré tout, les associations, les soignants, les chercheurs sont restés mobilisés et, grâce à la générosité des Français, beaucoup plus grande que les années précédentes, les initiatives et actions de terrain qu’ils ont continué à mettre en place vont pouvoir être consolidées.
La Convention nationale de la lutte contre le sida, organisée par l’association, est, comme chaque année depuis maintenant trois ans, l’occasion de dresser un bilan des programmes en cours et de fixer de nouvelles orientations.
Les 1er et 2 juin, 600 acteurs de la lutte sont attendus à l’Hôtel de ville de Paris pour des sessions de travail et des ateliers de réflexion. Après une séance d’ouverture animée par Alain Lhostis, adjoint au maire de Paris, Pierre Bergé et Bernard Audoin, président et directeur général de Sidaction, le Pr Jacques Reynes (service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Gui-de-Chauliac, Montpellier) lancera les travaux sur le thème : « State of the Art : 10 ans de trithérapie ? ».
Prévention et accès aux soins.
Le programme s’articule autour de trois grands thèmes, les associations, la recherche scientifique et les actions internationales. Au cours des sessions associatives seront abordés : la prévention de proximité (pratiques et perspectives) ; la politique de réduction des risques compte tenu de la mise en place, en janvier 2006, des Caarud (centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues) ; l’accès aux soins des séropositifs, qui a largement été modifié par l’instauration du nouveau « protocole de soins » pour les personnes atteintes par une affection de longue durée (ALD), par la réforme du droit des étrangers ou encore par les nouveaux référentiels de soins élaborés par la HAS sur les hépatites, lesquels prennent peu en compte les coïnfections VIH/hépatites. Une session est réservée à l’accès tardif aux soins, notamment des migrants et étrangers, ainsi qu’à l’interdiction prévue par la loi d’inclure dans les essais thérapeutiques les personnes qui ne disposent pas d’une couverture maladie. Enfin, des discussions seront engagées autour de l’ouvrage de Catherine Deschamps, « le Sexe et l’Argent des trottoirs », issu de l’enquête Prostitution de rue à Paris.
Les sessions scientifiques auront pour thème la physiopathologie de la dissémination virale lors des premières étapes de l’infection, l’intérêt des modèles animaux pour comprendre la pathogénicité de l’infection ou encore la réponse immunitaire aux différents stades de l’infection. A propos des moyens thérapeutiques susceptibles d’être mis en oeuvre, le Dr Jean-François Mouscadet expliquera notamment les étapes de la conception d’un médicament à partir de l’exemple du développement des anti-intégrases, de la paillasse à la clinique. Plus largement, la convention s’interrogera sur la contribution au combat politique des chercheurs et des soignants.
Le troisième type de sessions est réservé au thématiques internationales, comme l’accès aux antirétroviraux de 2e et 3e lignes dans les pays en développement, le suivi biologique des patients ou le rôle des associations de plus en plus nombreuses au Sud. Enfin des sessions transversales, regroupées le vendredi après-midi avant la plénière de clôture, développeront des thématiques telles que les soins en milieu carcéral, les nouveaux outils de la prévention, notamment les microbicides, la circoncision ou les ARV en prophylaxie préexposition, l’articulation entre l’acte de dépistage et l’inscription dans une démarche de soins ou encore le problème du lien entre libertés individuelles et politique de santé publique.
Un symposium sur les CoreVIH (coordination régionale de lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine), qui remplaceront les actuels Cisih avant la fin de l’année 2006 (les textes sont sur le point d’être publiés), se tiendra le jeudi après-midi, de même qu’un atelier sur l’emploi des personnes infectées par le VIH et une rencontre autour du réseau Revie-santé-Femmes qui, depuis décembre 2004, regroupe une trentaine de femmes vivant avec une maladie chronique grave (VIH, VHC, cancer) dans différentes villes de France. Les actes de la convention feront l’objet d’une publication spécifique.
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