TROP OU PAS ASSEZ de médecins ? Pour le directeur du Centre de sociologie et de démographie médicales (Csdm), expert de l'OMS, Bui Dang Ha Doan, la question ne se pose pas en ces termes. Plus que le sur- ou le sous-effectif médical, c'est « le sentiment » de sur- ou de sous-effectif qui est déterminant et qui pousse les politiques à réagir. Or, dans la « sensation collective du sureffectif ou de la pénurie », les « modifications dans la structure d'âge de la profession » pèsent de tout leur poids avec, comme élément central, le nombre de jeunes.
Le péril jeunes.
Qu'au sein de l'effectif médical total le nombre de jeunes médecins soit très élevé, et l'impression domine d'une « déferlante des jeunes ». « Il y a alors une sensation de sureffectif, affirme Bui Dang Ha Doan, une angoisse : on pense que ces jeunes vont prendre toute la clientèle ». Si, au contraire, la proportion des jeunes médecins s'amenuise, d'autres inquiétudes apparaissent : les médecins ne trouvent plus de remplaçants pour leurs gardes ou pour partir en vacances, ils redoutent de ne pas trouver preneur pour leur clientèle quand ils partiront en retraite. « La peur du nombre est remplacée par l'angoisse du vide. »
Cette théorie n'est pas lancée en l'air. Le directeur du Csdm trouve dans le passé proche deux exemples pour l'étayer. La période 1970-1975, durant laquelle « ni le nombre des médecins ni la densité médicale n'ont accusé un "bond" fantastique » et où, pourtant, sous l'effet de « l'afflux massif des bachelier vers les études médicales », « tout le système de santé (a été) saisi par une profonde sensation de pléthore ». Inversement, « aujourd'hui, les gens crient qu'on manque de médecins. C'est faux, entre 2000 et 2005, il n'y a pas de chute du nombre de médecins mais une chute terrible du nombre de jeunes ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature