Le Temps de la médecine
DE FAÇON surprenante, la notion de poids idéal ne semble pas issue, au départ, d'un concept médical mais plutôt financier. Elle a été établie, raconte le Dr Jacques Fricker (hôpital Bichat, Paris), à partir des statistique des assureurs, qui ont constaté une augmentation de la mortalité chez les sujets les plus minces et les plus gros. Les décès suivent la forme grossière d'une courbe en U. Ces données ont été corroborées par d'autres critères, médicaux, dont le plus fiable semble bien l'indice de Quetelet, qui remonte au XIXe siècle. Ce médecin belge, après avoir mesuré des milliers de conscrits, a établi une norme de la corpulence, connue aujourd'hui sous le nom d'indice de masse corporelle (poids en kg/taille au carré, en m).
IMC entre 18,5 et 25.
« L'IMC est internationalement utilisé, poursuit le nutritionniste, il se situe idéalement entre 18,5 et 25. Entre 25 et 30, on parle de surpoids, au-delà de 30, d'obésité, passé 40, d'obésité massive. » Si ces données sont statistiquement valables, « le médecin a en face de lui un patient, un individu, chez qui elles doivent être relativisées, afin d'évaluer son poids idéal ». Plusieurs éléments sont pris en compte dans ce travail de personnalisation.
L'évaluation du tour de taille et, mieux encore, du rapport taille/hanche joue ici un rôle clé. L'obésité à prédominance abdominale est connue pour majorer les risques de diabète de type II, d'HTA ou d'apparition d'un syndrome métabolique. « A titre d'exemple, un individu ayant un IMC de 23 ou 24, mais au rapport taille/hanche élevé est à risque. Un autre, à l'IMC de 27, mais porteur d'une répartition des graisses de type gynoïde aura un moindre gain sur sa santé en perdant du poids. » Bien sûr, les normes diffèrent entre les deux sexes. Chez l'homme, le tour de hanches doit être inférieur à 102 et le rapport taille/hanches être compris entre 0,85 et 1. Chez la femme, les chiffres respectifs sont : inférieur à 88 et de 0,64 à 0,85. « Le tour de hanches ne doit pas être négligé. Il semble même plutôt protecteur, surtout chez les femmes. »
Rapport taille/hanches.
Deuxième élément de personnalisation, à IMC et rapport taille/hanches identiques, l'existence ou non de complications préexistantes modifie l'attitude vis-à-vis du patient.
Dans le même ordre d'idées, les antécédents familiaux prennent leur importance. Ainsi, à titre d'exemple, le surpoids sera peu délétère chez un individu à l'IMC de 28 issu d'une famille de personnes en surpoids, mais en bonne santé et vieillissant bien. A l'inverse, si un ascendant en surpoids a fait un accident cardio-vasculaire tôt dans la vie, l'attitude vis-à-vis des kilos en trop sera différente.
« La corpulence intervient à deux autres niveaux », apparemment moins médicaux. Le premier est la forme physique. Si le patient se sent gêné, dyspnéique à l'effort... même sans autre retentissement à risque, sa corpulence ne doit pas être négligée. Le deuxième critère est esthétique et concerne plutôt le sexe féminin. Notamment en raison des canons actuels de la beauté, le médecin doit savoir écouter, respecter la plainte d'une patiente extrêmement motivée et qui se trouve « trop grosse ». Tout en sachant fournir un avis médical raisonné.
Pour en savoir plus : « Etre mince, en bonne santé et bien dans sa peau », Dr Jacques Fricker, éditions Odile Jacob 2004.
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