LE BAROMETRE santé 2000 des 12-25 ans (réalisé et édité par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, Inpes)* continue à livrer des informations. Il dresse des jeunes un portrait nuancé et quelque peu inattendu quand il détaille leurs perceptions régionales de l'état de bien-être. L'étude, réalisée auprès de 2 765 personnes, montre que le sport fait partie de la vie des jeunes. A l'échelon national, près des deux tiers disent en avoir pratiqué au moins un au cours de la semaine écoulée, les garçons plus que les filles (71,3 % versus 56,5 %). Mais avec l'âge, l'intérêt décline : à partir de 21 ans, un sur deux ne se livre plus à aucun sport. Outre-Atlantique, 12 % des décès s'expliqueraient par l'insuffisance d'une pratique régulière d'activité physique.
Le tabac n'est pas consommé sans remords : 53,8 % des fumeurs prétendent avoir envie d'arrêter et 69,8 % se disent gênés par la fumée des autres. Entre 2 500 et 3 000 décès sont attribuables au tabagisme passif, affirme l'Académie de médecine. Quant au cannabis, seulement 30 % en approuveraient la mise en vente libre.
Le suicide reste un point noir. Au moins 9 % des filles et 3,9 % des garçons y ont pensé dans l'année. Et le nombre de tentatives de suicide au cours de la vie est « dramatiquement stable », avec une dominante féminine (6,5 % versus 2,7 %). Les actes de violence contre les autres n'augmentent plus. Un peu plus de 7 % confessent avoir porté des coups pendant les douze derniers mois et 8,2 % en avoir reçus.
La contraception ne progresse guère. L'usage du préservatif lors du premier rapport stagne à 85 %. Le recours à la pilule du lendemain est non négligeable (13,9 %) et 7,5 % des filles de 15 à 25 ans ont subi une interruption volontaire de grossesse.
De la difficulté de faire passer des messages de santé.
Au niveau régional, l'Inpes a choisi de comparer l'Alsace, le Nord - Pas-de-Calais, les Pays de la Loire et la Picardie. Si l'on s'en tient aux données de mortalité, tous âges confondus, par cancers de la trachée, des bronches et du poumon, la situation des Nordistes, et, dans une moindre mesure, des Picards et des Alsaciens, est « tout à fait préoccupante ». La population masculine, qui représente 85 % des décès par cancer du poumon (1999), connaît des taux de mortalité significativement supérieurs à la moyenne française, alors que la mortalité des Pays de la Loire est l'une des plus faibles du territoire.
Pour les 12-25 ans, il en va autrement. Ce sont les Nordistes qui fument le moins. Ils se situent en dessous de la moyenne, alors que les Picards et les habitants des Pays de la Loire sont sensiblement au-dessus. Ces derniers ont « une moindre perception de la dangerosité du tabac » que les Alsaciens et les Nordistes, tout en se croyant « particulièrement bien informés sur le sujet ». Les Picards et les Nordistes ont aussi le plus grand nombre de décès liés à l'alcool, et pourtant, au sein de la jeunesse, les gros buveurs se recrutent en Alsace et sur les bords de Loire.
Sur le plan de la qualité de la vie, les Pays de la Loire quittent le banc des mauvais élèves pour céder la place aux jeunes Picards, qui consomment des antidépresseurs et nourrissent le plus grand nombre d'idées suicidaires et de tentatives de suicide. Dans le Nord, « la perception subjective de l'état de santé, comme le surpoids » sont des indicateurs plus négatifs que dans les trois autres régions.
Interrogés sur les risques sociaux qu'ils perçoivent, les 12-25 ans citent d'abord le chômage, la pollution atmosphérique et l'insécurité. L'Alsace, peu affectée par le sous-emploi, craint presque autant l'air pollué que le manque de travail. Chez les Nordistes, la peur de l'inactivité forcée prédomine nettement. « Cela souligne la difficulté de faire passer des messages de prévention quand les conditions de base pour une santé satisfaisante ne sont pas réunies (emploi, environnement sain, sentiment de sécurité) », commente l'Inpes. De la même façon, les accidents de la circulation et les cancers figurent aux deux premiers rangs des craintes de risques sanitaires. Dans le Nord - Pas-de-Calais, le cancer, très présent dans les causes de mortalité, « est perçu comme un risque pratiquement équivalent aux accidents graves de la circulation, moins importants dans cette région que dans l'ensemble du pays ».
Au total, si l'on se réfère aux données globales habituellement retenues, le Nord est la partie du territoire français la plus mal lotie, avec une mortalité supérieure de 21 % à la moyenne nationale. La Picardie et l'Alsace occupent respectivement les deuxième et cinquième rangs des régions les moins bien classées. Et les bords de Loire, qui affichent un taux de mortalité équivalent à la moyenne française, sont moins enviables que le Sud.
* L'enquête du prochain Baromètre santé, auprès de 15 000 personnes de 12-75 ans, commencera en octobre 2004. A la même époque, l'Inpes publiera le Baromètre santé nutrition 2002.
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