ROSELYNE BACHELOT a donné sa vision de la réforme du régime des affections de longue durée (ALD, qui représentent près des deux tiers des dépenses d'assurance-maladie) devant les députés de la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale (MECSS). Clôturant les auditions de la MECSS sur les ALD, la ministre de la Santé a fait valoir que la croissance des dépenses en la matière «ne doit pas être déplorée mais constatée», d'autant qu'elle traduit aussi «la réussite de notre système de santé» (détection plus précoce des maladies et progression du taux de survie). Elle a indiqué que «l'émoi» suscité au début de l'été par la proposition de l'assurance-maladie de dérembourser de 100 à 35 % les médicaments à vignette bleue pour les patients en ALD (« le Quotidien » du 26 juin) était «bien légitime» et que «le débat n'a pas été inutile». À court terme, «il n'y aura pas dans le PLFSS 2009 [prochain budget de la Sécu] de mesure concernant les ALD», a prévenu Roselyne Bachelot.
Pour autant, la ministre souhaite la poursuite des efforts engagés pour «la mise à jour» du régime ALD et en particulier ses critères de sortie . Elle compte aussi sur la protocolisation des soins en fonction des premières «recommandations médico-économiques de la Haute Autorité de santé», attendues en fin d'année (notamment pour hiérarchiser les IEC et les sartans), et sur un contrôle accru des médicaments prescrits dans la partie haute des ordonnances bizones.
À l'avenir, «seule l'amélioration de la prise en charge thérapeutique permettra de faire des économies», a affirmé Roselyne Bachelot devant la MECSS. Selon elle, «il faut aller vers une prise en charge intégrée impliquant tous les intervenants et le patient lui-même». Sa «stratégie» pour contenir à terme les dépenses ALD repose donc sur «une meilleure organisation des soins», avec d'autres modes de rémunération pour le médecin traitant, parce que le forfait actuel de 40 euros «est sans effet réel sur le suivi du patient dans la durée». Une «meilleure coordination entre les différents intervenants» et la prévention (en particulier à travers l'éducation thérapeutique) forment les deux autres «piliers» de sa stratégie.
La ministre s'est montrée sceptique en revanche vis-à-vis du concept du « bouclier sanitaire » pour plafonner les restes à charge des patients en fonction de leur revenu. Elle juge «incomplet» le rapport Briet-Fragonard (2007). Surtout, elle considère que le dispositif «tue les complémentaires» et implique un tel «changement de paradigme dans notre système de santé» (à cause des remboursements en fonction du revenu) qu'il faudrait «un débat philosophique et social», voire un débat de campagne présidentielle, pour trancher.
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