De notre correspondant
Il n'est pas question de vacciner la totalité de la population américaine si des terroristes diffusent le virus de la variole. Le CDC a néanmoins mis au point un programme, commencé au début de l'année et auquel il a mis la dernière touche après le 11 septembre. Le gouvernement n'a fait aucune communication sur les dispositions adoptées par le CDC : il estime que l'épidémie de charbon a créée une panique qu'il ne faut pas aggraver.
Le CDC a réparti sur le territoire américain des « détectives » sanitaires dont le rôle consistera à questionner toute personne atteinte par la variole, de manière à reconstituer l'histoire des trois semaines qui auront précédé l'apparition de la maladie. Ainsi sera établi un périmètre englobant les déplacements du malade et à l'intérieur duquel il faudra vacciner certaines des personnes (mais pas toutes) susceptibles d'avoir été en contact avec le malade.
Voyages, trajet domicile-travail, déjeuners ou dîners en ville, cinéma ou théâtre, contacts avec la famille ou les amis, l'historique de l'activité du malade pendant trois semaines sera épluché par les « détectives » qui, ensuite, prendront contact avec chacune des personnes que le malade aura rencontrées, les examineront et décideront si elles doivent être vaccinées, ou seulement mises en quarantaine et en observation, avec une surveillance quotidienne de leur température.
Conduite à tenir
Le document du CDC indique la conduite à tenir en cas de vaccination, en insistant sur les cas de contre-indication (personnes au système immunitaire affaibli ou atteintes d'un eczéma, par exemple).
Il s'agit donc d'un plan à « petits pas » destiné à contenir les foyers d'épidémie sans recourir à une vaccination nationale. Le gouvernement américain dispose d'un total de 15 millions de doses de vaccin et a l'intention d'en faire produire 300 millions par les laboratoires.
Tom Ridge, le nouveau directeur de la Sécurité nationale (Homeland Security), affirme qu'aucune vaccination massive n'est envisagée et que les autorités sanitaires examineront le problème s'il se présente. Il ne cache pas pour autant que, pour un seul cas de variole, il faudra vacciner des dizaines ou des centaines de personnes.
Le CDC rappelle que la vaccination entraîne, parfois mais rarement, des effets secondaires, comme une vive irritation de la peau, et une encéphalite, infiniment plus grave, pour 300 000 personnes vaccinées.
Il n'y a pas eu de cas de variole depuis 1949 aux Etats-Unis et le dernier cas connu remonte à 1977 en Afrique. En 1980, la variole a été considérée comme éradiquée de la planète. Seulement deux laboratoires, l'un aux Etats-Unis, l'autre en Union soviétique, ont conservé des souches. Malheureusement, les Soviétiques ont utilisé ces souches pour leurs programmes de guerre bactériologique, et certains experts craignent qu'un certain nombre n'aient été vendues à des Etats qui s'intéressent au bioterrorisme.
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