Les mesures immédiates pour réformer les maternités, annoncées lundi par Jean-François Mattei (« le Quotidien » d'hier), font l'affaire des organisations de gynéco-obstétriciens qui, depuis des mois, militent pour accélérer les restructurations hospitalières.
Ainsi, le Dr Georges Robinet, qui dirige la maternité du centre hospitalier de Troyes, où le ministre a officiellement lancé son projet de soutien à la périnatalité, est « en plein accord » avec le contenu de ce plan. Il s'agit pour lui « d'un coup de démarreur », qui devra très vite se transformer en actes concrets . Un point a retenu son attention : « Il est très intéressant que le ministre ait mis en garde les présidents des conseils d'administration des hôpitaux, c'est-à-dire les maires bien souvent, contre la volonté de maintenir une maternité en l'absence d'effectifs médicaux suffisants. En cas de problème, les présidents de CA seront tenus pour seuls responsables, a prévenu le ministre. C'est une bonne chose. Jusqu'à présent, aucun homme politique n'avait dit : " Ça suffit !" » L'argument n'a pas convaincu le maire de Paimpol, qui a rappelé mardi « les efforts » réalisés « pour se conformer à tous les décrets sur la sécurité sanitaire », et qui refuse de voir sa maternité transformée en centre de proximité (la fermeture est prévue le 21 mars).
Les mesures ministérielles ne sont guère mieux accueillies par la Fédération des maternités de proximité. Pour son président, le Dr Casimir Muszynski, « la mise aux normes des maternités, dans 99 % des cas, est déjà satisfaisante. Ce sont les restructurations à tout-va qui sont responsables de l'augmentation des taux de naissance prématurée et de mortalité maternelle. On dit que le seuil de 300 accouchements au minimum par an ne sera pas révisé à la hausse, mais je sais qu'il le sera. Pour l'heure, le ministre essaye de faire avaler la pilule aux médecins et aux femmes. A terme, il veut fermer les petits hôpitaux, ce qui entraînera la fermeture des écoles, des commissariats... C'est inadmissible ».
A la poursuite des recompositions hospitalières, le Dr Muszynski aurait préféré que le ministre recrute davantage de praticiens et donne une attractivité aux petites structures. « Son concept de maisons de la périnatalité ne marchera pas, prédit-il. Le personnel n'ira pas, les soins de suites, ce n'est pas leur tasse de thé. En plus, ça va aggraver le baby-blues des femmes qui seront renvoyées en deux coups de cuillère à pot. »
De son côté, l'Association des petites villes de France (APVF) redoute que « cette logique de concentration ne conduise au démantèlement du tissu hospitalier des petites villes », et ne juge pas recevables les arguments sécuritaires et démographiques avancés pour justifier les recompositions : « Deux tiers des accouchements se passent sans problème, il n'y a donc pas besoin d'un staff important de médecins pour les pratiquer », dit le Dr Bernard Castagnet, vice-président de l'APVF.
Chez les praticiens libéraux, que le plan de soutien du ministre prévoit d'intégrer dans les maternités publiques avec une reprise d'ancienneté, les annonces sont globalement bien accueillies. Le Dr Guy-Marie Cousin, secrétaire général du SYNGOF, regrette toutefois que l'accent ne soit pas mis sur les concertations avec les professionnels lorsqu'il s'agit de décider du maintien de telle ou telle maternité. « Les exemples sont nombreux où la décision de fermeture prise par l'ARH (Agence régionale de l'hospitalisation) est mal passée, comme à Paimpol. Pour faire vivre les maisons de proximité, il faut être d'accord sur un projet médical, et donc associer les professionnels à la réflexion. »
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