ON N'EST JAMAIS mieux servi que par soi-même. Aussi Frédéric van Roekeghem ne s'est-il pas privé de défendre encore «les acquis substantiels» de la réforme Douste-Blazy de 2004 (dont il a été la cheville ouvrière au sein du cabinet de l'ex-ministre de la Santé) et, par la même occasion, son propre bilan à la direction de l'assurance-maladie depuis plus de trois ans. Le patron de la Sécu, qui avait déjà tenu un tel discours dans le cadre des Amphis de la santé (« le Quotidien » du 17 avril), est revenu à la charge lors du dernier point d'information de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM). «Souvent dans notre pays, on n'évalue pas assez, alors que c'est pourtant indispensable, a argué Frédéric van Roekeghem. Il faut se garder de dire que la réforme (de 2004) a échoué et qu'il faut en faire une autre.» L' «acquis principal» à ses yeuxde la loi du 13 août 2004 et de la convention médicale de 2005, c'est la «réussite» de la mise en place du dispositif du médecin traitant (choisi par 82 % des assurés) «dans des délais relativement courts».
« Le compte était bon ».
Le plan Douste-Blazy de 2004 prévoyait de dégager 15 milliards d'euros pour combler le déficit de la branche maladie en 2007. Cette année-là, le retour à l'équilibre ne fut pas au rendez-vous, mais le compte était bon quand même, assure l'ancien proche collaborateur de Philippe Douste-Blazy. En effet, explique Frédéric van Roekeghem, la réduction du déficit de l'assurance-maladie sur la période 2005-2007 correspond à «7milliards d'euros en écart absolu» (- 4,6 milliards d'euros en 2007, contre - 11,6 milliards en 2004), mais atteint «15milliards d'euros par rapport au déficit tendanciel projeté à l'époque» (voir schéma). Sans la réforme de 2004, il fallait s'attendre à «un déficit de 20milliards d'euros en 2007», a soutenu le directeur général de la CNAM. Selon lui, il vaudrait mieux «expliquer aux concitoyens que les efforts réalisés ont permis d'aménager substantiellement les équilibres économiques».
Frédéric van Roekeghem a donné sa vision de l'implication des hôpitaux publics dans ce mouvement de «redressement financier majeur» de la branche maladie. «Le choix a été fait en 2004 de ne pas intégrer la T2A [tarification à l'activité, expérimentée dès 2003] à la réforme». De ce fait, la réforme s'est vue reprocher d'épargner l'hôpital. Pour le patron de la CNAM, cette critique tend à occulter le fait que, depuis, «la T2A a eu un impact plus fort que les agences régionales de l'hospitalisation» (ARH) en matière de restructurations hospitalières.
La Sécu a participé aussi aux efforts puisque son directeur général s'est chargé de « dégraisser le mammouth » en économisant «300millions d'euros par an sur les frais de gestion à fin 2007». Il y a eu «plus de départs à la retraite que prévu» parmi les 75 000 agents des caisses primaires (CPAM), dont les effectifs «ont diminué de 9% depuis 2003». A la CPAM de Paris, «le taux de remplacement est de 15% et non de 50%», a-t-il souligné.
Fort des résultats obtenus sur les principaux postes de la maîtrise médicalisée (antibiotiques, génériques, statines), le directeur de la CNAM a peu apprécié les récents commentaires de la commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) au sujet de la reprise des arrêts de travail l'an passé, après une diminution continue de 2003 à 2006 (« le Quotidien » d'hier). Les chiffres de la CCSS « sont vrais», a-t-il concédé, «mais il faut avoir du recul et comprendre» l'accélération des dépenses d'indemnités journalières en 2007 au regard du vieillissement structurel de la population active qui tend à allonger les arrêts de travail. La courbe d'évolution du volume des indemnités journalières depuis dix ans montre que la pente actuelle reste «en dessous» de l'évolution tendancielle observée en 1997 si l'on avait gardé la même population active (à effectifs et structure d'âge équivalents). Après avoir engrangé «3,6milliards d'euros d'économies en cumulé» sur ce poste, a-t-il plaidé, «il est normal qu'à un moment donné on ne puisse plus descendre» le niveau des dépenses.
Enfin, à propos des économies plus récentes sur les nouvelles franchises, Frédéric van Roekeghem observe une «baisse des dépenses» des médicaments sur les «deux premiers mois de 2008». Il préfère néanmoins attendre «mai ou juin» pour en mesurer les effets plus précisément.
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