QUI DIT nouvelle gouvernance, dit création de pôles d'activité. Depuis deux ans, 103 établissements français se sont prêtés au jeu, en s'engageant dans une démarche « anticipatrice ».
Dans un récent rapport, la Dhos (Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins) indiquait que, dans un peu plus de la moitié des établissements, un pôle d'activité au moins (« le Quotidien » du 10 octobre) a déjà été mis en place.
Aux 20es Journées pharmaceutiques, organisées la semaine dernière à Paris par les Laboratoires Sanofi-Aventis, trois hôpitaux « anticipateurs » sont venus témoigner de leur expérience lors d'une table ronde.
Terrine du chef.
« Mettre en place les pôles, c'est améliorer la performance, optimiser les moyens et maîtriser les coûts », résume Philippe Domy, directeur général du CHU d'Amiens, où douze pôles cliniques et médicaux et cinq de gestion ont été constitués. « Il s'agit de créer une culture commune de management. »
A Carcassonne, le « principe clé » qui a guidé la nouvelle gouvernance est celui du pragmatisme, affirme Bernard Balza, pharmacien des hôpitaux et président de la CME (commission médicale d'établissement) du centre hospitalier de Carcassonne.
« Les trois logiques constituantes sont celles du soin, de la masse critique (avec mutualisation des moyens) et enfin les ressources. » Pas question qu'il y ait d'un côté les pôles riches et de l'autre les moribonds, insiste-t-il ; « Pas question de faire une terrine du chef, en composant un pôle avec tous les restes. »
Délégation intuitu personae.
A Amiens, les chefs de pôle sont appelés « coordonnateurs ». Philippe Domy insiste sur cette distinction sémantique. « C'est bien la preuve que le vrai chef, ce sera donc le directeur, et lui seul », ironise un pharmacien dans la salle. « Nous avons appelé les responsables médicaux, pharmaceutiques, les cadres et aussi le personnel à se poser comme force de proposition. Nous avons mobilisé les énergies en créant l'appétence à s'impliquer », poursuivait le directeur. Une charte de gestion a été établie au sein de l'établissement, afin que soit mis en place « un référentiel opposable à tous ». « Plus personne ne peut faire n'importe quoi, du haut de sa stature hospitalo-universitaire ou directoriale », affirme-t-il.
Reste à savoir maintenant de quelle part d'autonomie disposeront les uns vis-à-vis des autres dans le duo administratif-soignant. « Il faut conserver un processus démocratique », selon Bernard Balza, pour qui une place importante doit être laissée à la CME. « Nous sommes dans une organisation « déconcentrable » et non déconcentrée », précise pour sa part Philippe Domy. « La délégation doit se faire intuitu personae. »
Y aura-t-il un représentant de la pharmacie dans chacun des pôles ? Sur cette question (de confiance), Laurence Beretz, pharmacien chef de service au CHU de Strasbourg, est très claire : « Il y a aujourd'hui un pharmacien référent par service clinique, il y en aura un demain dans chaque pôle. » Et, là, le directeur d'Amiens a déclenché de nouveaux applaudissements et huées dans la salle. Pour lui, le travail pharmaceutique doit se dégager des procédures d'achat. « Le pharmacien hospitalier ne doit plus s'empêtrer dans le code des marchés publics et se concentrer sur la prescription clinique. » Tollé dans certains rangs. « Je n'ai pas besoin d'audit pour savoir acheter ! », peste une pharmacienne hospitalière. Il « faut créer l'appétence à s'impliquer », donc.
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