« Le plus vieux et le plus heureux PH de Nîmes » exerce au service anesthésie du CHU de Nîmes. Mais « je ne prends pas de garde », ajoute aussitôt le Dr Jacques Estorc, comme pour s'excuser de ne pas être très représentatif de la profession. Il n'est pourtant pas le seul à se réjouir de son sort.
Son confrère PH au service des maladies infectieuses du CHU de Dijon, le Dr Michel Duong, est lui aussi satisfait. « J'ai l'impression que nous sommes tous contents de notre sort », avance-t-il. « Nous avons une activité intéressante, ouverte sur l'universitaire. » Même si, justement, cette activité n'est peut-être pas assez reconnue, notamment sur le plan financier. « Les PH sont en première ligne dans le soin. Alors, on peut regretter parfois de ne pas avoir plus de temps pour la recherche clinique. »
Le Dr Valérie Revel-Da Rocha, qui exerce au CHG de Pau, dans le service gériatrique, regrette de consacrer de moins en moins de temps aux soins purs. « Nous devons gérer de plus en plus la partie administrative », déplore-t-elle. « Il n'est pas déplaisant de se sentir davantage impliqué dans la gestion de l'hôpital mais on a l'impression que notre participation aux soins directs diminue d'autant. » Et c'est ce qui l'inquiète. Le CHG de Pau, dont l'organisation en pôles est mise en route, devra bientôt se soumettre à la tarification à l'activité (T2A). « Outre la qualité des soins qui risque forcément d'être touchée, nous allons tous chercher à faire plus vite. Or je ne sais pas comment faire plus que ce que l'on fait déjà. »
« Fonctionnaires ».
Changement de ton avec le Dr François Charles, de la maternité du centre hospitalier Font-de-Pré de Toulon, pour qui « l'administration prend de plus en plus de pouvoir ». Alors même que les réformes hospitalières ont comme ambition de placer le médecin au cœur de l'hôpital en lui confiant davantage de responsabilités, l'ultrasceptique Dr Charles voit s'étendre le pouvoir administratif. « On est fliqué comme au lycée. On surveille nos heures... et il faut pleurer pour obtenir un bureau de médecin. » Depuis deux ans que le chef du service obstétrique est parti à la retraite, il n'aurait pas été remplacé. « Alors, on navigue à vue et l'administration fait ce qu'elle veut, avec la complicité de quelques médecins. »
Pour le Dr Aurélia Chauveaud, gynécologue à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart, « le problème numéro un, c'est qu'on n'est pas du tout au courant de notre statut. On a souvent des sons de cloche différents. Et puis beaucoup de choses varient d'un hôpital à un autre. Certains services sont très mal lotis. Ce n'est pas notre cas. »
« Nous sommes devenus des fonctionnaires », regrette pour sa part le Dr Duong. « Alors que l'on ne comptait jamais notre temps, on calcule désormais nos horaires pour entrer dans l'Artt. On partait plus tôt ou plus tard, selon les besoins. Maintenant, tout est plus fliqué et ça, c'est dommage. »
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