Le modèle alimentaire français se caractérise notamment par la prise de trois repas par jour, dont le petit-déjeuner. Ce repas matinal est un moment de transition entre la bulle domestique et le monde extérieur. « Pour les enfants notamment, c’est une occasion supplémentaire de bénéficier d’interactions – avec les parents et la fratrie – nécessaires à leur construction psycho-affective et à la transmission de savoir-faire et savoir être », souligne Éric Birlouez, ingénieur agronome, spécialiste de l’histoire de l’alimentation et de la sociologie des comportements alimentaires.
Les Français ont conscience de l’importance du petit-déjeuner : 93 % estiment que ce repas est indispensable pour l’équilibre alimentaire quotidien. Pourtant, 21 %* n’en prennent pas au moins une fois par semaine (contre 11 % en 2003). Quant aux enfants, 29 %* sautent, au minimum, un petit-déjeuner par semaine (versus 11 % en 2003). Ce déclin n’est pas sans conséquence en matière de santé publique, mais aussi, individuelle. « Le petit-déjeuner a une légitimité physiologique et nutritionnelle. Sa vocation est double. Durant le long jeûne de la nuit, les réserves glucidiques s’épuisent : le corps bouge, le cerveau fonctionne et consomme des glucides. Le petit-déjeuner est donc un moment privilégié pour recapitaliser le stock en consommant des glucides complexes (pain, des produits céréaliers…), mais aussi, des simples (jus de fruits, confiture, miel, poudre de chocolat…). Au total, il est possible de consommer, lors de ce repas, l’équivalent de trois à quatre morceaux de sucres. Le fait de sauter le petit-déjeuner induit une baisse de la glycémie avec une diminution des capacités d’attention et de concentration qui se manifeste souvent par le coup de barre de 11 heures. L’autre vocation du petit-déjeuner est de contribuer aux apports nutritionnels de la journée », explique la Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste et autrice du Grand livre de l’alimentation (Eyrolles).
Un repas varié, complet et équilibré
Idéalement, le petit-déjeuner doit apporter entre 20 et 25 % des besoins en calories de la journée (via les glucides, lipides, protéines) mais aussi, en minéraux et vitamines. C’est l’occasion de réhydrater l’organisme. Minéraux et vitamines peuvent être apportés par la consommation de fruits ou de jus de fruits. C’est aussi le moment idéal pour consommer l’un des trois produits laitiers recommandés dans le cadre du PNNS (lait, yaourt, fromages, ou fromage blanc).
Le petit-déjeuner à la Française est réputé pour être varié, complet et équilibré, d’un point de vue nutritionnel. « Le pain, largement consommé en France, apporte une quantité importante de glucides complexes : la moitié de son poids est composé d’amidon. Les céréales, biscuits ou les viennoiseries peuvent, en outre remplacer le pain. Un bol de fromage blanc ou un bol de lait au chocolat – apprécié des enfants – équivalent à 200 à 260 mg de calcium, soit un quart des besoins quotidiens. Un verre de 200 ml de jus d’orange ou de pamplemousse frais ou du commerce apporte 70 à 80 mg de vitamine C, soit près de 100 % des besoins quotidiens. Café et thé, boissons phares du petit-déjeuner hydratent, tout en apportant de la caféine nécessaire au tonus de la matinée », note la Dr Plumey. Contrairement aux Anglo-Saxons, les Français n’ont pas pour habitude de consommer des aliments riches en protéines au petit-déjeuner (œufs, jambon, bacon…). Ces produits sont davantage réservés au brunch. Enfin, certaines personnes affirment ne pas avoir faim le matin. « Cela s’explique souvent par le fait que leur dîner est trop copieux ou tardif. Au réveil, la digestion n’est pas terminée. Ces personnes doivent attendre d’avoir faim (vers 9 ou 10 heures) pour apprécier ce repas matinal », conclut la Dr Plumey.
D’après une conférence de presse organisée par l’union nationale interprofessionnelle des jus de fruits (UNIJUS), Syndilait, la fédération des artisans boulangers-pâtissiers de Paris, le groupe « fuits » de la Fédération des industries d’aliments conservés (FIAC), en partenariat avec le club de la table française qui lancent un manifeste – auprès des politiques, des acteurs économiques et des professionnels de santé – en faveur du petit-déjeuner à la Française.
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