ON PEUT S'INTERROGER sur les difficultés administratives qui ont coûté à M. Le Pen sa candidature en Paca : le Front national n'est pas une organisation mal structurée où manqueraient les conseillers qui pensent à tout. L'analyse en vertu de laquelle le désordre est à l'origine de l'apparente mésaventure du chef du FN nous semble un peu courte.
M. Le Pen n'avait pas l'intention de présider la région Paca ; il a toujours dit que, s'il l'emportait, il désignerait un suppléant ; tout ce qui compte, aujourd'hui comme hier, c'est qu'il fasse la campagne autour de son propre nom. Domicilié ou non dans la région, il le fera.
LE PEN TENTE DE REALISER UN SCORE NATIONAL SUPERIEUR À 15 %
La question est nationale.
L'interdiction juridique de se présenter lui a permis en revanche, de dénoncer une fois de plus un système « inique » pour lequel tous les moyens pour l'écarter sont bons. Rien ne permet de confirmer que M. Le Pen soit victime d'un complot politique, mais le leader du FN mettra à profit le temps qu'il reste avant la consultation pour répandre cette « vérité ». Et, du même coup, galvaniser ses troupes dont la foi sera renforcée par l'indignation.
Jean-Marie Le Pen peut-il espérer pour autant que le Front obtienne plus de 25 % des voix en Paca, taux qui lui est reconnu en général ? Rien n'est moins sûr et la question essentielle n'est pas dans le Sud-Est, elle est nationale : si M. Le Pen se targue (plus qu'il ne se plaint) d'être la victime d'une injustice, c'est pour tenter de réaliser un score supérieur à 15 % dans la France entière, ce qui augmenterait son pouvoir de nuisance dans la constitution des conseils régionaux.
Pour le moment, on ne peut se réjouir, ni à droite ni à gauche, des perspectives élctorales : à droite, parce que les sondages annoncent un vote sanction ; à gauche, parce que la sanction ne devrait pas empêcher la droite d'avoir une majorité relative, qui ouvrira la voie à toutes les combinaisons possibles.
Un effet Juppé ?
Les démêlés d'Alain Juppé avec la justice et la suspicion que les affaires de la Mairie de Paris ont jeté sur l'UMP ont anéanti les efforts de Nicolas Sarkozy pour rallier à la majorité parlementaire une partie de l'électorat du Front. Il est vrai aussi qu'en laissant des organisations intégristes représenter la communauté musulmane et en évoquant la discrimination positive, le ministre de l'Intérieur a renforcé la haine que la droite classique inspire à l'électorat de M. Le Pen.
Son revers programmé lui sera plus utile qu'une victoire improbable en Paca qui, de toute façon, l'aurait amené à désigner un remplaçant. Ce qui est sûr, c'est que les régionales seront des élections politiques : elles donneront la mesure actuelle du rapport de forces entre les différents partis ; elle montreront ou non une progression du FN ; elles donneront la tendance pour des échéances plus décisives et pas si lointaines.
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