Sur les 80 uvres du peintre, mentionnées par les documents anciens, 40 tableaux de collections privées et publiques sont réunis pour la première fois.
C'est l'effort de quelques historiens et spécialistes, depuis la légendaire exposition de 1934, consacrée aux « Peintres de la réalité » (Georges de la Tour, Le Nain), qui a redonné à ces artistes négligés leur juste place.
Le cas de Lubin Baugin passe aussi, fortuitement, dans l'allusion qu'en fera Pascal Quignard, dans le fameux roman « Tous les matins du monde » et jusque dans son adaptation à l'écran par Alain Corneau. Lubin Baugin y figurant, au même titre que Monsieur de Sainte Colombe et Marin Marais.
C'est, du même coup, situer le peintre dans l'excellence de sa manière. Rigoureuse, réfléchie, méditative dans les admirables natures mortes. C'est là le premier Baugin, avant le voyage italien et la révélation de la peinture religieuse qui se déploie sur un autre registre.
Né à Pithiviers (Loiret), Lubin Baugin fait son apprentissage à l'ombre de l'Ecole de Fontainebleau. Il est, en 1629, reçu maître-peintre dans la Corporation de Saint-Germain des-Prés (l'Académie royale date de 1648), laboratoire où affluent des artistes venus du Nord.
Avant l'influence italienne, celle des Flamands va lui donner un certain goût de la rigueur, une tendance à la géométrisation des formes, comme en témoigne la justement célèbre « Nature morte à l'échiquier » du Louvre.
Le séjour italien lui révèle le Parmesan Corrège, dont il subit l'influence. Sa production de peintre religieux fera la synthèse entre cette ligne pure, mélodieuse, et le dessin de plénitude de sa nature morte.
Moins sensible à l'expression du visage qu'à la musicalité des mises en scène, il peut développer des compositions à multiples personnages. On y sent essentiellement le souci d'une recherche plastique dont le sujet n'est peut-être qu'un prétexte.
Il aura de nombreuses commandes. Pour Notre Dame de Paris, la Chapelle des Nobles de la Compagnie de Jésus (rue Saint-Antoine), l'église Saint Paul, et même des établissements religieux de son pays d'origine.
Pascal Quignard invente une admirable image pour définir le style de Lubin Baugin. « Ecoutez son pinceau quand il peint, dit monsieur de Sainte Colombe. - Vous avez appris la technique de l'archet. »
Cette heureuse assimilation au monde la musique met toute la lumière sur une uvre qui en a les vertus, la grâce et la rigueur pour nous séduire.
Orléans, musée des Beaux-Arts, jusqu'au 20 mai, ensuite musée des Augustins à Toulouse , du 8 juin au 9 septembre.
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