L A mise en œuvre du Plan d'aide au retour à l'emploi (PARE) constitue-t-elle une régression sociale ? Il est vrai que ce programme a été voulu par le patronat qui, selon certains syndicats, en serait le seul bénéficiaire. Mais une entreprise n'est jamais obligée d'embaucher du personnel. Si le Medef a conçu et fait adopter le PARE, c'est principalement pour réduire le volume des allocations chômage versées chaque année.
Bien entendu, le patronat paie une partie des cotisations chômage et c'est à ce titre qu'il a souhaité durcir les critères qui permettent à une personne sans emploi de toucher les ASSEDIC. Les dispositions du PARE risquent d'entraîner des injustices. Mais dans l'ensemble, elles devraient surtout éliminer les abus.
En vertu du programme, le chômeur est censé préparer sérieusement son insertion. Il ne peut refuser que trois fois de suite l'emploi que lui propose l'ANPE. Au troisième refus, il n'est plus éligible pour les allocations chômage.
En même temps, la préparation de son retour à l'emploi implique parfois un recyclage soit pour améliorer sa formation, soit pour obtenir une qualification nouvelle dans un secteur d'activité où les offres d'emploi sont nombreuses et le nombre de gens qualifiés insuffisant.
On imagine sans peine d'où viendra l'injustice : la bureaucratie ne sera pas en peine pour proposer à un chômeur des emplois qu'il est incapable d'occuper. Elle risque d'exiger un transfert géographique qui mettrait le postulant dans l'embarras financier, par exemple s'il paie son logement à tempérament et qu'il ne trouve pas un acheteur. Les moyens intellectuels du demandeur d'emploi ne lui permettent pas de suivre la formation qui lui est proposée.
Il existe donc, au sein du PARE, plusieurs sources de dérives qui aggraveraient la situation du chômeur ou augmenteraient son stress. En revanche, le PARE élimine une faille : le chômage « professionnel », c'est-à-dire celui qui permet à un demandeur d'emploi de continuer à toucher ses allocations sans vraiment chercher à se réinsérer. Bien qu'on ne dispose d'aucune statistique dans ce domaine, on suppose que le nombre de chômeurs professionnels est élevé. Il est donc bon de le réduire. D'autant que le chômeur qui accepte la procédure du PARE (mais il n'est pas obligé de le faire) ne subira pas la diminution progressive de son allocation.
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