L A polémique a fait long feu, heureusement. Ce n'est pas parce qu'il porte à l'écran les mémoires de Grace Elliott, amie du Duc d'Orléans et persécutée sous la Terreur, que Rohmer est réactionnaire. Il s'en est d'ailleurs expliqué au festival de Venise, où il a reçu un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière. « Je n'ai pas fait ce film pour des raisons politiques. Je n'y défends aucun parti, ni royaliste, ni anti-royaliste ». Ce qui l'intéresse, c'est de « contribuer à entretenir chez le public, jeune et vieux, le goût de l'Histoire », de « montrer un moment historique peu connu du public français ou étranger » et ses personnages « complexes et modérés, exactement ceux qui durant les révolutions finissent par être les premières victimes ».
Et pour évoquer l'Histoire, le cinéaste des Contes moraux n'a pas hésité à recourir aux techniques cinématographiques les plus modernes et à la vidéo. Le Paris de la fin du XVIIIe siècle est reconstitué à partir de 37 tableaux peints par Jean-Baptiste Marot, dans lesquels acteurs, figurants, chevaux, voitures ont été incrustés digitalement. Cela grâce aux spécialistes des effets spéciaux des studios Duboi (« Alien », « Jeanne d'Arc », « le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain », « Astérix »). Paradoxalement, on a un peu l'impression de revenir au temps de la lanterne magique, avec des personnages qui s'animent devant des décors peints.
Pour le reste, Rohmer est fidèle à son style, une mise en scène aussi intelligente que simple, et des dialogues précis.
On n'étonnera personne en précisant que Rohmer ne montre rien de violent ni de sanglant. Les atrocités de la Terreur (la prise des Tuileries, la tête de la princesse de Lamballe au bout d'une pique, la guillotine), on ne les verra pas. La belle Grace Elliott est certes malmenée et l'on s'inquiète pour elle mais ce sont les propos, les situations qui sont dramatiques, pas les images. A tel point que, habitués (dopés presque) au rythme rapide des productions actuelles, surtout américaines, on n'est pas loin de s'ennuyer un peu.
Cela n'empêche pas d'apprécier la beauté des images et des décors, la grâce et la vivacité de l'actrice anglaise Lucy Russell et la force de Jean-Claude Dreyfus dans le rôle de Philippe Egalité. Ah, ça ira...
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