Une reconnaissance légale
La loi du 13 août 2004 lui a donné une reconnaissance légale et le Conseil national de l’Ordre a émis des recommandations sur la façon de la pratiquer, comme le rappelle Me Jean-François Forgeron, avocat à la cour (cabinet Alain Bensoussan) : l’acte de télémédecine doit répondre à un impératif de santé, bénéficier du consentement éclairé du patient, respecter le secret professionnel, etc. La question des responsabilités est tranchée : le téléconsulté est responsable des infos qu’il donne et le médecin effecteur est responsable de l’utilisation qu’il fait de ces informations. Il n’y a que sa valorisation qui fasse toujours l’objet de débat.
«La télémédecine met l’acte médical à portée de main et son partage peut sécuriser l’acte médical», dit Gérard Ropert. Bénéfices potentiels des pratiques à distance : contribuer à la qualité des soins, à la continuité des soins, aux économies. Diminuer les erreurs de prescription responsables chaque année de 130 000 hospitalisations et éviter les prescriptions inutiles (estimées à 11 %, soit 1,7 milliard d’euros) font partie des défis que la télémédecine peut contribuer à relever.
En ce sens, le DMP, qui introduit le partage des données, pourrait enrichir l’exercice professionnel, la relation avec le patient et la compréhension médico-économique du parcours de soins, explique le Dr Jacques Caton, chirurgien, président de l’Urml Rhône-Alpes, engagée depuis trois ans dans une dynamique de partage des données avec le Sisra (système d’information de santé de la région Rhône-Alpes) et le Dppr (dossier patient partagé et réparti). Le système sera bien sûr couplé avec les données du patient contenues dans le DMP, mais il va surtout faire la synthèse des autres infos existantes (bases documentaire, données de l’assurance-maladie) pour rendre lisible le parcours de soins du patient suivant un modèle de présentation adaptée. Il est prévu un accompagnement pédagogique des médecins libéraux sur les usages possibles de ces nouvelles représentations. L’Urml s’investit pour faciliter la lecture ergonomique du parcours de soins, et mettre à disposition un outil permettant l’élaboration d’une synthèse régulière des données (Le Socle).
L’aide à la décision peut aussi bénéficier des nouvelles formations en ligne dont le Pr Albert-Claude Benhamou, directeur de l’université médicale virtuelle francophone, est le chantre enthousiaste.
Et de montrer par vidéo interposée que, outre les cours en ligne sur le portail de l’université virtuelle, la télémédecine apporte le téléapprentissage médical et la manipulation de personnages virtuels, ce qui permet d’évaluer non plus seulement les connaissances des étudiants, mais aussi leurs compétences médicales. Il existe aussi des jeux pour augmenter la performance de la prise de décision. «Nous vivons une mutation totale, la mutation du numérique». n
Session parrainée par TMT Télémédecine.
* « Guérir le système de santé de ses maux », par Bruno Fantino et Gérard Ropert, Aleas Editeur.
Deux pôles pour la télémédecine
En lançant l’an dernier sur le marché français en direction du corps médical un « Pack professionnel santé », Marcel Bensoussan, de TMT Télémédecine, avait surtout l’intention d’apporter la preuve économique d’une application de la télémédecine. Cette mallette contient un ensemble d’appareils de mesure miniaturisés dont les résultats sont transmis à un centre d’expertise. Le projet s’implante progressivement. Depuis le 1er janvier 2006, 57 médecins généralistes de la région Rhône-Alpes réalisent deux ECG par jour en moyenne qui sont transmis via une base informatique communicante au centre d’expertise situé à Lyon. Ces examens sont pratiqués au cabinet ou au lit du malade.
Selon M. Bensoussan, les deux pôles de développement de ces technologies sont, d’une part, le maintien et l’hospitalisation à domicile et, d’autre part, la constitution de centres de compétences en secteur rural pour lutter contre la désertification médicale.
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