Va-t-on vers un PSA annuel pour tous entre 50 et 70 ans ? Pas impossible. D’autant que preuve est faite que le dépistage réduit la mortalité par cancer de la prostate. « Nous évoluons vers la standardisation de la mesure du PSA. S’il est supérieur à 4 ng/ml, il faut en référer à l’urologue. Surtout, attention quand le PSA est bas ! il faut mesurer son évolutivité dans le temps. Il faut toujours comparer le PSA avec les valeurs antérieures. Au delà d’une augmentation de 0,75 ng/ml, il faut s’inquiéter !», explique le Pr Bernard Debré (urologue, hôpital Cochin). Si on se base sur le rapport PSA libre/PSA total, ce paramètre suit une relation inverse. Si le PSA et/ou le TR est évocateur, il faut référer le patient à l’urologue qui fera une échographie avec, éventuellement, une biopsie (mais on est alors dans le diagnostic et non plus dans le dépistage). L’étude européenne ERSPC (European Randomized Study of Screening for Prostate Cancer) a montré que le dépistage organisé permettait de réduire de 20 % le risque de décéder d’un cancer de la prostate par rapport au groupe contrôle sur une population de plus de 160 000 hommes. Pour le spécialiste, elle suffit pour lever l’ambiguïté sur les avantages et les inconvénients du dépistage. Rappelons que la polémique a longtemps balancé entre le bénéfice du dépistage et les risques de surdiagnostic et de surtraitement sans contrepartie sur la survie. D’où les réticences des décideurs en santé publique tant qu’un critère dur (la mortalité) n’avait pas montré de bénéfice indiscutable.
La controverse n’est pas close
D’ailleurs la controverse n’est pas complètement éteinte puisque l’étude américaine PLCO (U.S. Prostate, Lung, Colorectal, and Ovarian) est négative. « Cette étude avait un biais énorme. D’abord, l’effectif était faible, ensuite beaucoup d’hommes du groupe contrôle ont été dépistés et ça dilue complètement le bénéfice du dépistage systématique », a commenté le Pr Debré. Dans le New England Journal of Medicine qui a publié les deux études de dépistage, l’éditorialiste Michael Barry (Massachusetts General Hospital, Boston, Etats-Unis) restait très sceptique sur l’intérêt du dépistage. Selon l’étude européenne, il faut 1 400 dépistages pour éviter un seul décès par cancer de la prostate sur dix ans soit 7 décès évités pour 10 000 dépistés. « Ce bénéfice se fait au prix de substantiels surdiagnostics et surtraitements », écrit ce spécialiste américain. « Ne soyons pas hypocrites tout le monde fait déjà ce dépistage » répond le PR Debré. Alors, dépistage organisé ? Jusqu’à présent, il n’a pas été mis en place de programme de dépistage. L’Association Française d’Urologie recommande l’information des hommes sur les bénéfices et les incertitudes du dépistage du cancer de la prostate et les conséquences potentielles des traitements. « Une fois pour toutes, il faut recommander le PSA annuel et expliquer comment les faire et les interpréter », indique le Pr Debré.
Dr Muriel Gevrey
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