En France, l'Assemblée nationale a donné mercredi soir son feu vert à la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la campagne de vaccination contre la grippe H1N1, réclamée par le groupe Nouveau Centre. En fait, seuls les groupes Nouveau Centre et GDR (communistes et Verts) ont voté pour, UMP et SRC (socialistes et apparentés) se sont abstenus. En dépit de l'abstention de ces deux principaux groupes à l'Assemblée, la demande de commission d'enquête a été acceptée. Pour qu'une telle demande soit rejetée, il aurait en effet fallu que les 3/5e des votants s'y opposent. « Il ne s'agit pas d'accuser mais d'enquêter » a lancé Jean-Luc Préel en présentant la demande de commission d'enquête du Nouveau Centre. « Il nous faut connaître les raisons de ce non-succès de la vaccination pour pouvoir faire face à d'éventuelles nouvelles pandémies »a-t-il ajouté. Il reste que cette commission d’enquête risque de faire doublon avec les travaux de l’Office parlementaire de choix scientifiques et techniques (OPECST).
La prudence de l’OMS
De son côté, le Comité d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé, qui s'est réuni mardi, a estimé qu'il était trop tôt pour conclure que le pic de grippe pandémique H1N1 était passé dans le monde, a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'OMS. « Le comité a conseillé qu'il était trop tôt pour conclure que toutes les parties du monde avaient connu un pic de transmission de la grippe pandémique H1N1 », selon un courriel du porte-parole, Gregory Hartl. L'avis des 15 experts est consultatif, mais en général la directrice de l'OMS Margaret Chan, qui prend la décision finale, suit leurs recommandations. L'organisation estimait depuis plusieurs semaines que la pandémie, qui a fait près de 16 000 morts dans 212 pays et territoires depuis l'apparition du virus sur le continent américain il y a près d'un an, était en déclin, notamment dans l'hémisphère nord. Mais l'après-pic, qui ne signifie pas que la pandémie est terminée, est considérée comme une phase de transition. L'OMS peut dans ce cas revoir les recommandations faites à ses 193 pays membres, par exemple en matière de vaccination, afin d'aider les gouvernements à adapter à cette nouvelle phase leur réponse à la maladie en matière de santé publique.
Excès de zèle en France
En France, près de deux mois après la fin de l’épidémie de H1N1, et sachant que l’on table sur un retour du virus l’hiver prochain, nombre de parlementaires de tous bords jugent que les pouvoirs publics ont en France fait de l’excès de zèle lors de l’épidémie de grippe. Plusieurs élus se sont en effet exprimés ces derniers jours pour souligner le caractère exessif et peu souple du gouvernement dans sa gestion de la crise grippale. « Qui sont les experts qui ont demandé de vacciner la totalité de la population » s’interroge par exemple le socialiste Jean-Marie Le Guen ? Ce médecin, député de Paris et spécialiste des questions de santé -qui était jeudi 18 février l’invité des Asclépiades organisées par le mensuel Décision Santé- juge qu’il aurait été préférable de cibler la vaccination sur un tiers de la population à risque. Même s’il dit comprendre la stratégie de mise en place de centres de vaccination ad hoc, le Dr Le Guen critique la rigidité de l’attitude gouvernementale et estime qu’il aurait fallu adapter la réponse lorsque l’on s’est aperçu que l’épidémie n’était pas si sévère qu’envisagée initialement.
Envisager une réponse graduée
Dans le même sens, un rapport intermédiaire de l’OPECST sur la mutation des virus et la gestion des pandémies signé du Dr Jean-Pierre Door (UMP), député, et de Marie-Christine Blandin (Verts), sénatrice, estime qu’en vue d’épidémies futures, il faudrait mettre au point un nouveau dispositif, « complémentaire du plan actuel, trop rigide et conçu pour une situation extrême ». Le rapport préconise donc l’élaboration d'un plan contre une pandémie grippale « modérée » plus souple, prévoyant des mesures davantage proportionnées. Présenté mercredi 17 février à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) ce rapport d'étape suggère aussi d'« envisager des phases intermédiaires entre les phases 5 et 6 permettant des mesures davantage proportionnées et graduées ». Enfin, le rapport propose la mise en place «d'un dialogue avec les professions de santé pour les associer à la définition des mesures du nouveau plan pandémie».
Un virus désormais « discret et sporadique »
La semaine dernière six nouveaux décès liés au virus grippal H1N1 ont été signalés en France métropolitaine, dont deux survenus la semaine dernière, portant le total à 302 décès depuis le début de l'épidémie, selon l'Institut de veille sanitaire. Aucun cas grave n'a été hospitalisé pour grippe la semaine dernière, indique l'InVS mercredi dans son dernier bulletin. Au total, 1 325 cas graves ont été signalés depuis le début de l'épidémie. A ce bilan pour la métropole s'ajoutent 63 cas graves et 30 décès signalés en Outremer, où la première vague épidémique est terminée. En France métropolitaine, la grippe H1N1 était la semaine dernière « discrète et sporadique », selon le réseau de surveillance du Grog. Le réseau a estimé à 11.000 les consultations pour infections respiratoires aiguës liées à la grippe H1N1 la semaine dernière. Il estime à 6,5 millions le nombre de personnes ayant consulté un généraliste ou un pédiatre pour un cas de grippe en France métropolitaine depuis le mois d'août 2009. « Depuis 3 semaines, moins de 5% des prélèvements faits par les médecins vigies du réseau des Grog sont positifs pour la grippe et ce taux continue de baisser » indique le réseau dans son bulletin hebdomadaire. De son côté, le réseau Sentinelles de l'Inserm estime l'incidence des consultations pour syndrome grippal à 37 cas pour 100 000 habitants, la semaine dernière en métropole. Ce taux a diminué par rapport à la semaine précédente et se situe en-dessous du seuil épidémique depuis huit semaines consécutives.
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