De notre correspondant
A l'initiative du député conservateur britannique Bashir Khanbhai, le Parlement européen doit adopter aujourd'hui une résolution appelant les Etats et les organisations internationales à créer un fonds mondial des maladies transmissibles. Il aurait pour fonction de financer les recherches et la diffusion de vaccins et de traitements contre le paludisme, le SIDA et la tuberculose, qui tuent officiellement cinq millions de personnes par an dans le monde, sans compter les victimes indiennes et chinoises pour lesquelles il n'existe pas de statistiques fiables.
« On ne pourra pas motiver les industriels en les forçant à donner gratuitement des médicaments, il faut, au contraire, créer le cadre législatif et financier qui leur permettra d'investir et d'obtenir un vrai retour sur leurs investissements », estime ce député européen, fort de son expérience de pharmacien ayant fabriqué pendant vingt-cinq ans des génériques en Afrique. M. Khanbhai prône simultanément une généralisation du système des prix « adapté » aux conditions économiques des pays pauvres. Son rapport propose aussi un régime fiscal plus favorable pour les médicaments exportés vers le tiers-monde et souhaite que les nouveaux médicaments mis sur le marché en Europe puissent être plus rapidement disponibles dans le reste du monde. De plus, il entend prévenir les réimportations vers l'Europe de médicaments destinés aux pays en voie de développement et vendus à prix réduit, et suggère pour cela de les estampiller d'une manière spécifique, afin de mettre un terme à ces pratiques.
Promotion de la santé
Le texte demande, en outre, une réduction de la durée des brevets pour les médicaments destinés à combattre les maladies infectieuses dans les pays en développement. Enfin, il plaide pour une réorientation des politiques de coopération et d'aide au développement, qui devraient donner une place accrue à la promotion de la santé, à la création de structures sanitaires adaptées aux besoins locaux et au développement de la prévention et de l'hygiène.
Rappelant que « la polio n'a été vaincue que grâce à une large mobilisation internationale », M. Khanbhai réclame une offensive mondiale de même ampleur contre les maladies infectieuses, qui pourrait déboucher sur la mise au point de produits « aussi simples et bon marché » que l'a été le vaccin contre la polio.
Le Parlement européen devait largement suivre, dans son vote, les recommandations du rapporteur, destinées à compléter un plan de lutte contre ces maladies récemment présenté par la Commission européenne. De leur côté, les industriels européens, par la voix de la Fédération européenne de l'industrie pharmaceutique (EFPIA), soutiennent les grandes lignes de ce rapport, mais estiment que la réduction de la durée des brevets, loin de constituer une réponse aux besoins des populations, risquerait au contraire d'entraver la recherche et le développement de nouveaux produits. L'EFPIA précise, en outre, que seulement 5 % des « médicaments essentiels » définis par l'OMS sont actuellement encore sous brevets, alors que tous les autres peuvent être largement produits dans le monde sous forme de génériques. Les industriels rappellent enfin que le développement d'une politique pharmaceutique adaptée au tiers-monde ne peut se faire que dans le cadre d'une stratégie globale de lutte contre la pauvreté et de modernisation des structures de santé de ces pays, seule capable de mettre un terme aux grandes crises sanitaires traversées par ces derniers.
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