Marisol Touraine va-t-elle réussir là où tous ses prédécesseurs, depuis dix ans, ont échoué ? En tout cas, la ministre de la Santé est décidée à tenter une énième relance du dossier médical personnel (DMP) qui va devenir le dossier médical « partagé ». Son projet de loi de santé prévoit de confier sa mise en œuvre à l’assurance-maladie.
« Le nouveau dispositif tire les leçons des échecs successifs des différents modèles du DMP, souffrant depuis le début d’une confusion d’objectifs », affirme le ministère, ajoutant : « La crédibilité de l’outil et sa pleine appropriation par les usagers et les professionnels dépend de la rapidité de son implantation, de sa capacité à devenir un outil efficace de coordination, du rôle que le médecin traitant s’y voit conférer, et enfin des garanties sans faille qu’il apporte dans la défense des intérêts et des droits des usagers. »
L’article 25 du projet de loi consolide « l’accès permanent » du patient à son dossier, l’affirmation de son droit au masquage ainsi que son accès à la liste des professionnels qui consultent le dossier. À la mi-octobre, lors du premier congrès de l’Ordre des médecins, à Paris, François Hollande a toutefois tenu à envoyer un message aux professionnels. « Si la confidentialité à ses exigences, il faut qu’il y ait de l’exhaustivité, sinon ce dossier médical ne sert à rien, s’il ne permet pas aux médecins de connaître exactement le parcours du malade », a affirmé le chef de l’État.
Jusqu’à maintenant, plutôt un… frein à la coordination
Une chose est sûre en tout cas : la mise en place du DMP sera un élément fondamental pour assurer la réussite d’un parcours de soins mieux coordonné. C’est déjà ce qu’affirmait Philippe Douste-Blazy en 2004 en promettant au passage que le DMP, censé être opérationnel dès 2007, allait permettre une économie d’environ 7 milliards d’euros par an, en évitant notamment les examens inutiles. Un pari qui, on le sait, n’a jamais été tenu.
« Précipitation et irréalisme ont, dès l’origine, caractérisé le lancement du projet », affirmait en novembre 2007 un rapport très sévère de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Dans un rapport de 2013, la Cour des comptes relevait pour sa part que les retards de déploiement du DMP « ont été particulièrement préjudiciables » à la mise en œuvre du dispositif « médecin traitant » et à l’organisation du parcours de soins coordonnés. « Faute de DMP, les médecins traitants ont dû, pour la plupart, se doter de logiciels permettant la création et la gestion des dossiers dématérialisés de leurs patients », ajoutait la Cour.
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