Certaines études concluaient même que chez un individu qui a développé une maladie cardiaque, le risque de décès est réduit si celui-ci est en surpoids comparé à un poids normal ou un sous-poids. Parmi les hypothèses avancées pour expliquer ce phénomène, les effets bénéfiques des plus grandes réserves d’énergie dans l’organisme ou encore le fait que les personnes légèrement obèses prennent davantage de traitements médicaux. Face à ce paradoxe, l’équipe de Kamyar Kalantar-Zadeh (LABioMed, Harbor), a même émis l’hypothèse qu’un très faible niveau de graisse corporelle (moins de 10 %) pourrait être un important facteur prédictif de mortalité.
Plus récemment les études portant sur les relations entre IMC, diabète et mortalité ont aussi semé le doute chez les diabétologues dans la mesure où celles-ci montraient un risque de mortalité plus élevé chez les diabétiques de poids normal que chez ceux en surpoids ou obèse. Pour certains auteurs ce serait les formes d’obésité les plus sévères qui augmenteraient le taux de mortalité en comparaison d’un poids sain et un léger embonpoint pourrait apporter une protection par une meilleure connaissance de la prise en charge médicale par le patient des effets métaboliques cardioprotecteurs de la graisse ou simplement les bénéfices des réserves de graisses dans la résistance face à la maladie. Ce paradoxe de l’obésité a été très controversé et alimente toujours la polémique chez les chercheurs.
Deux grandes cohortes analysées
La publication de Deirke K. Tobias et coll (Boston) vient une nouvelle fois remettre en question le paradoxe de l’obésité. Après analyse de 2 grandes cohortes incluant plus de 11 000 patients âgés de 62 ans en moyenne et stratifiées selon l’indice de masse corporelle (IMC en kg/m2) au moment du diagnostic les auteurs démontrent que la mortalité toutes causes n’est pas inférieure chez les diabétiques de type 2 en excès de poids par rapport à ceux de poids normal. Durant les 16 années de suivi, plus de 3 000 décès sont survenus, à, en moyenne, 74,6 ans chez les femmes et 78,7 ans chez les hommes. Les auteurs ont constaté que les patients en surpoids ou obèses au moment de la découverte de leur diabète étaient entre 9 et 33 % plus susceptibles de décéder que ceux qui avaient un léger embonpoint. Le risque était donc plus grand chez les personnes plus grosses.
Le statut tabagique a été pris en compte et un lien aussi a été observé en fonction de l’âge : les patients de moins de 65 ans avaient un risque plus élevé si leur poids augmentait. Chez ceux de plus de 65 ans, l’effet était moins prononcé. Cette étude semble mettre fin au « paradoxe de l’obésité » dans le diabète de type 2 et redonner du sens aux règles hygiénodiététiques prônées par les recommandations européennes et internationales.
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