LORS DES traitements anticancéreux, les chimiothérapies avec des doses particulièrement fortes, telles celles utilisées dans les hémopathies malignes nécessitant un support autologue par cellules souches hématopoïétiques, endommagent les cellules épithéliales de la bouche et de la gorge, des cellules à renouvellement rapide au même titre que les cellules cancéreuses. Conséquence, chez 40 % des patients ainsi traités, une mucite buccale plus ou moins sévère (4 grades) apparaît. De l’érythème aux ulcérations profondes et douloureuses, la mucite buccale a un effet dévastateur. Elle est considérée par les patients comme l’effet indésirable le plus invalidant, le plus douloureux à la suite d’une chimiothérapie lourde. L’intensité de la douleur et les ulcérations profondes invalidantes sont parfois telles que de fortes doses morphiniques et une alimentation parentérale sont nécessaires. Cette mucite buccale est source de dénutrition, de déshydratation. Elle favorise les infections et peut mettre en jeu le pronostic vital.
Jusqu’à l’arrivée de Kepivance (palifermin), du Laboratoire Amgen, dont l’AMM a été délivrée en octobre 2005, aucun traitement réellement efficace de cette pathologie n’existait.
Facteur de croissance humain des kératinocytes recombinant.
Kepivance est une forme recombinante du facteur de croissance humain des kératinocytes (KGF), qui stimule la prolifération et la différenciation des cellules épithéliales. Il agit en protégeant contre les lésions causées par la chimiothérapie et la radiothérapie, les cellules épithéliales de la bouche et les voies digestives. Il stimule leur prolifération et favorise la régulation des mécanismes cytoprotecteurs.
L’AMM a été obtenue après les résultats d’une étude pivot de phase III, en double aveugle (palifermin versus placebo), chez des 212 patients atteints d’hémopathie maligne. Ils recevaient soit le palifermin (60 µg/kg/jour), soit le placebo, par I.V., 3 jours consécutifs avant le traitement de conditionnement (irradiation corporelle totale fractionnée et chimiothérapie à haute dose) et 3 jours consécutifs après la greffe de cellules souches hématopoïétiques.
De cette étude, il ressort que l’incidence de la forme la plus invalidante de mucite buccale (grade 4) a été trois fois moindre dans le groupe palifermin (20 % versus 62 %). L’incidence de mucite de grade 3-4 a été réduite d’un tiers (63 % du groupe palifermin versus 98 %). Enfin, la durée de la mucite buccale de grade 3-4 a été moindre chez les patients du groupe palifermin (3 jours versus 9 jours).
Trois jours consécutifs avant et après.
Désormais disponible à l’hôpital en France, Kepivance est administré à la dose recommandée de 60 µg/kg/jour, sous forme d’une injection intraveineuse en bolus pendant 3 jours consécutifs avant et après le traitement myéloablatif, soit un total de 6 doses. Il ne doit jamais être administré dans les 24 heures qui précèdent une chimiothérapie cytoxique ou dans les 24 heures qui suivent.
Les effets indésirables observés dans 5 % des cas sont : éruption, prurit, myalgies,oedème, fièvre, douleurs, épaississement ou coloration de la muqueuse buccale, altération du goût. Des observations cliniques ont révélé chez quelques patients une augmentation des taux d’amylase (origine salivaire), de lipase, mais aucun cas manifeste de pancréatite.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire Amgen.
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