Le pacha

À 40 ans à peine, François-Xavier Selleret accède à la tête des hôpitaux français. En réalité, la DGOS (Direction générale de l’offre de soins) est depuis 2010 une direction du ministère de la Santé qui embrasse plus large que les hôpitaux. Mais pour un diplômé de l’École de Rennes (devenue ENSP, École nationale de santé publique), être à la tête de l’ancienne direction des hôpitaux équivaut à un bâton de maréchal pour un militaire de carrière. Même si les soins bien intentionnés chipotent toujours sur la perte d’influence du poste, depuis les temps anciens de Jean de Kervasdoué, Gérard Vincent ou Édouard Couty. Et ce, depuis que les politiques se sont mis à déconcentrer et à créer des agences en-veux-tu-en-voilà. Et si la célèbre direction a peut-être perdu un peu de son lustre d’antan, elle est toujours attirante pour un directeur d’hôpital qui a déclaré sa flamme au service public et à l’État. Comme le fit François-Xavier Selleret, en son temps, dans la marine, sur le Foch. Et quand à un bateau, on donne un commandant, à un hôpital on lui donne un directeur ? Cette fois-ci, doublé d’un diplômé d’une business school, l’Essec, ce qui prouve le talent et une réelle ouverture d’esprit dans la nouvelle génération des manageurs de Rennes.

Mais le nouveau DGOS est aussi un politique. Après un début de carrière hospitalier, l’impétrant « a fait » les cabinets ministériels. Ceux de Xavier Bertrand et Nora Berra à la Santé et au Travail, de Christine Lagarde et Laurent Wauquiez à Bercy et de Xavier Darcos à l’Emploi.

Mais le modèle dominant de François-Xavier Selleret reste Jean Castex, qui fut DGOS à 37 ans, puis secrétaire général adjoint de Nicolas Sarkozy à l’Élysée. L’itinéraire doit être tentant pour un homme qui doit aimer « taper haut », comme on le fait au volley, son sport préféré. Encore faut-il que dans quelques semaines le « service passe ». Cela, même le plus brillant et fin politique ne peut en être sûr. Mais l’essentiel n’est-il pas de servir.