Le Nord - Pas-de-Calais montre le chemin

Publié le 20/12/2005
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DE NOTRE CORRESPONDANTE


BIEN que la santé n'ait pas toujours été dans ses compétences légales et que la loi sur la décentralisation ne soit guère prolixe en ce domaine, le Nord - Pas-de-Calais soutient depuis longtemps le secteur sanitaire.
Dès les années quatre-vingt, les élus ont compris qu'ils devaient s'engager financièrement s'ils voulaient redresser la situation sanitaire de la région. Tous les indicateurs de santé sont au rouge. La surmortalité, toutes causes confondues, est de 20 % supérieure à la moyenne nationale, et la mortalité par cancer avant 65 ans supérieure de 40 %. Pour les cancers des voies aréo-digestives supérieures (Vads), la région bat des records mondiaux. Une situation qu'elle essaie d'enrayer en développant une politique de prévention active, et le financement de certains équipements.
Lorsque s'est présentée l'occasion d'entrer à l'ARH avec voix délibérative, le conseil régional n'a pas hésité longtemps. Il a présenté sa candidature pour siéger à la commission exécutive et participer au financement d'équipements destinés à la lutte contre le cancer.
Trente-deux millions d'euros seront consacrés en quatre ans à cette opération, essentiellement pour financer des équipements d'imagerie médicale, de radiothérapie et médecine nucléaire, ainsi que le développement de la télésanté.
En échange de cet engagement financier, les élus régionaux disposeront d'un tiers des voix à la commission exécutive de l'ARH où ils siègeront aux côtés des représentants de l'Etat et de l'assurance-maladie.
« Un tiers, ce n'est pas la majorité, c'est clair. Mais nous saurons faire entendre notre voix, assure Michel Autès, vice-président du conseil régional chargé de la santé. En tant qu'élus, nous pourrons apporter des arguments autres que techniques, et faire valoir les besoins de la population. Pour la démocratie sanitaire, c'est déjà une avancée formidable. »
En siègeant à la commission exécutive de l'ARH, les conseillers comptent bien obtenir une meilleure répartition des équipements sur le territoire régional. « Les délais d'attente pour passer un scanner s'étalent de sept jours à soixante, selon le lieu d'habitation. Et certains patients doivent parcourir beaucoup de kilomètres pour effectuer cet examen. Nous souhaitons réduire ces inégalités », poursuit Michel Autès, qui a veillé, lors de la signature de la convention avec l'ARH, à garder une marge de manœuvre pour le choix des implantations. « Nous pouvons moduler la participation financière de la Région en fonction du territoire, ce qui nous permet de corriger certaines disparités », dit-il.
A terme, c'est aussi l'évolution de la démographie médicale qui est en jeu, avec cette expérimentation. « En soutenant financièrement l'implantation d'équipements lourds, la région espère faire revenir les spécialistes, explique de son côté Jean-Marie Paulot, directeur de l'ARH. Meilleurs sont les plateaux techniques, meilleure est l'attractivité de la région. » Un argument qui prend tout son poids lorsque l'on sait que 50 % des postes d'oncologue et 40 % de ceux de radiologue sont vacants.

> FLORENCE QUILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7868