Ces quinze dernières années, l'évolution du nombre de greffes en France fluctue au gré des campagnes de communication et des politiques de santé. Après la régulière augmentation du nombre de greffes de 1986 à 1991, suivie d'une dégringolade jusqu'en 1994, la tendance semble à nouveau s'inverser. Tendance confirmée sans ambiguïté par le dernier rapport de l'EFG, qui comptabilise quelque 3 211 greffes tous types confondues pour l'année 2000 .
La répartition est la suivante : 328 greffes de cœur, 25 greffes cardio-pulmonaires, 70 greffes pulmonaires, 806 greffes de foie, 1 924 greffes de rein, 54 greffes de pancréas et 4 greffes intestinales. En 2000, 4 081 nouveaux patients se sont inscrits en liste d'attente. En y ajoutant les 5 913 restants de l'année précédente, on arrive à un total de 9 994 candidats à la greffe, dont seuls 32,12 % ont pu obtenir satisfaction. L'augmentation du nombre de greffes observé en 2000, certes appréciable, est donc loin de suffire.
Fait intéressant, le nombre d'organes prélevés chez des donneurs vivants a augmenté notablement : 137, contre 111 en 1999. Sur ce plan, la France garde toutefois un retard considérable par rapport à ses voisins. Si l'on prend l'exemple du rein, l'Hexagone a compté 1,4 donneur vivant par million d'habitants en 2000, contre 5,3 au Royaume-Uni, 6,9 en Grèce, 8,5 dans les pays scandinaves, et, record absolu, 10,3 en Suisse.
Concernant les prélèvements post mortem, deux tendances sont observées : le vieillissement de la population des donneurs prélevés (41 ans d'âge moyen), ainsi que l'augmentation du prélèvement (avec un taux de 17 donneurs prélevés par million d'habitant). Le recensement est, lui aussi, à la hausse. En 2000, l'EFG a recensé 2 016 sujets en état de mort encéphalique, soit 5,2 % de plus qu'en 1999 et + 29 % par rapport à 1994. Mais une bonne moitié n'a pu être prélevée. Principale explication : l'opposition familiale.
Comment se positionne l'activité de prélèvement française par rapport aux autres pays ? Plutôt bien, comparé aux Etats-unis, aux pays de la zone Eurotransplant, au Portugal et au Royaume-Uni, qui ont enregistré une stabilité en 2000. Mais le modèle en matière de prélèvement demeure incontestablement l'Espagne, avec un taux inégalé de 34 donneurs prélevés par million d'habitant.
Objectif : 20 donneurs par million d'habitants
L'Espagne, dont le système a largement inspiré le « plan greffes » mis en place pour trois ans par le gouvernement. Le principe : une organisation décentralisée, mais centrée sur le donneur potentiel. Le but : une amélioration du recensement et une réduction des transferts d'un établissement à l'autre. Le territoire français a donc été découpé en sept interrégions, chacune regroupant un ensemble d'établissements en réseau. Les 25 mesures du plan visent à favoriser l'accès à la greffe, réduire les inégalités d'accès, promouvoir la recherche et soutenir la générosité. Elles s'inscrivent dans une stratégie élaborée par l'EFG au sein d'un contrat d'objectifs et de moyens, dont l'objectif est d'atteindre le taux de 20 donneurs d'organes prélevés par million d'habitant au terme de l'année 2002.
Le « plan greffes », le contrat d'objectifs et de moyens de l'EFG, deux bonnes résolutions qui expliquent certainement en partie la reprise des activités de prélèvement et de greffe en 2000. Si le don d'organes par des vivants extérieurs à la famille venait à être adopté au sein du projet de loi bioéthique, comme cela est adopté en commission, une nouvelle source d'organes verrait le jour. En attendant les xénogreffes...
L'intégralité du rapport est consultable en ligne à l'adresse http://www.efg.sante.fr.
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