Lancée il y a dix ans, l'étude Fleurbaix Laventie Ville Santé se proposait de suivre les habitudes alimentaires et de vie des populations de deux villes du Nord de la France : Fleurbaix et Laventie. Outre l'exceptionnelle adhésion des participants (85 % après 10 ans), cette analyse présente l'avantage de ne pas s'intéresser à l'individu pris isolément mais aux différentes personnes qui constituent la famille.
Le bénéfice de l'éducation nutritionnelle
La première phase de l'étude a montré le bénéfice d'une éducation nutritionnelle chez l'enfant, avec des répercussions positives sur l'ensemble de la famille. Elle a également apporté des données intéressantes sur la relation positive entre apports lipidiques (en pourcentage de la ration calorique totale) et IMC (indice de masse corporelle), et la relation inverse entre apports glucidiques et IMC. Les auteurs de ce travail ont également montré que chez les enfants et les femmes, ce sont les gâteaux qui constituent la plus forte contribution à l'apport énergétique, suivis du pain et des frites ; chez les hommes adultes, ce sont le pain, les frites et la viande. La comparaison des enquêtes de 1993 et 1997 montre une tendance favorable de l'évolution des consommations, avec une augmentation des légumes secs, une diminution des desserts lactés au profit des yaourts ou laits fermentés. La consommation de fruits reste très basse.
Education, sédentarité et poids
Toutefois, il apparaît clairement que l'alimentation n'est pas la seule responsable de la progression du surpoids. D'autres déterminants doivent être mis à jour, comme la sédentarité ou des facteurs socio-économiques.
Ainsi, la relation entre niveau d'éducation et poids a été analysée sur une population de 270 maris et femmes, âgés en moyenne de 38 ans, participant à l'étude Fleurbaix Laventie. Comme dans d'autres études de la littérature, on retrouve chez les femmes une relation inverse entre le niveau d'éducation (de primaire à universitaire) et différents paramètres mesurant l'adiposité (IMC, adiposité sous-cutanée, plis cutanés, graisse abdominale, tour de taille). En revanche, chez leurs maris, cette relation négative n'est pas observée. On note même chez eux une relation positive entre niveau d'éducation et adiposité sous-cutanée. Ces résultats, et tout particulièrement les différences observées entre les sexes, posent de nombreuses questions. Il semble cependant que le lien entre adiposité et niveau d'éducation puisse être expliqué chez l'homme par le fait que les personnes avec un niveau d'éducation élevé fument moins et ont un travail plus sédentaire que les autres.
Les hommes qui ont fait des études ont des femmes minces
En revanche, il est plus difficile d'expliquer la relative minceur des femmes éduquées et plus encore celle des femmes dont le mari est éduqué (et qui lui-même a une adiposité sous-cutanée élevée).
Deux éléments sont à considérer : l'IMC à l'âge de 20 ans chez les femmes est déjà corrélé inversement à leur niveau d'éducation ; même si à 38 ans cette relation est encore plus nette. En revanche, l'IMC des femmes à 20 ans n'est pas relié au niveau d'éducation du mari : autrement dit, à cet âge, les hommes les plus éduqués ne choisissent pas les femmes les plus minces.
Alors quels déterminants font que les femmes avec un bon niveau d'étude et/ou mariées avec un homme également de niveau d'éducation élevé, sont plus minces que les autres ? Elles ont moins d'activité physique au travail, mais pratiquent plus de sport que les autres. Si on tient compte du paramètre activité sportive, on atténue la relation (inverse) entre niveau d'éducation de la femme et adiposité ; mais celle avec le niveau d'éducation du mari reste inchangée. Par ailleurs, la pratique de régime semble fréquente chez toutes les femmes quel que soit le niveau d'éducation (toutefois on ne dispose pas d'information sur le type de régime appliqué).
La pression sociale
Force est de constater qu'on manque de paramètres objectifs pour expliquer le lien entre la relation inverse entre l'adiposité de la femme et le niveau d'éducation du mari. Il est bien possible que la pression sociale pour la minceur exercée soit plus forte sur ces femmes que sur les autres.
Les partenaires de l'étude
Fleurbaix-Laventie Ville Santé 1 a été réalisée grâce au partenariat de : Boehringer Mannheim Diagnostics, Eridania Béghin-Say, Groupe Fournier, Lesieur, Nestlé.
Fleurbaix-Laventie Ville Santé 2 a été réalisé grâce au partenariat de : Brasseurs de France, CEDUS, Groupe Fournier, Laboratoires Knoll France, Lesieur, Nestlé, Roche.
L'étude a été rendue possible grâce au soutien des communes de Fleurbaix et Laventie et du conseil régional Nord - Pas-de-Calais.
Elle est placée sous le haut parrainage du ministère de l'Education nationale, du ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation.
Association Fleurbaix-Laventie Ville Santé, tél. 03.21.27.68.94, www.vilsante.com
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature