LE TEMPS DE LA MEDECINE
Les odeurs corporelles sont parfois modifiées par la maladie. Ce phénomène est lié à l'altération des sécrétions et des excrétions corporelles qu'entraînent certaines pathologies. Les odeurs particulières des maladies proviennent en effet de la sueur, du sébum, du mucus des voies nasales, de la gorge et des poumons, de l'urine, des selles ou encore des sécrétions vaginales des malades.
Ces odeurs anormales constituaient autrefois un important moyen diagnostique pour les médecins, avec, il faut le reconnaître, un certain degré de folklore. Aujourd'hui, elles permettent encore parfois d'orienter le diagnostic.
Pain frais ou poisson pourri
Certains malades dégagent des parfums assez agréables : les sujets atteints d'une typhoïde sentiraient le pain frais, la leucinose donne aux urines des nouveau-nés atteints une odeur de sirop d'érable. Cependant, dans la majorité des cas, les effluves sont pour le moins désagréables. Chacun connaît l'haleine nauséabonde du ftor hepaticus ou excrémentielle de l'occlusion intestinale.
Au sein des informations cliniques odorantes caractéristiques, parmi les plus connues se trouvent celle de l'haleine du coma diabétique, sucrée ou chargée d'acétone, celle de l'écoulement nasal nauséabond de la sinusite chronique, du corps étranger ou des affections malignes. Faut-il rappeler celle des sécrétions vaginales rappelant le poisson pourri, dégagées lors d'une infection à Gardnerella vaginalis ?
Effluves anciennes
Le reste des descriptions, rencontrées au hasard des lectures semble relever davantage de notions anciennes, remontant à une époque où la clinique seule existait. Qui a déjà rencontré les senteurs de fromage ou de pieds en sueur des patients atteints d'acidémie isovalérique, l'odeur de moisi de certaines affections dermatologiques ? Il en va de même des effluves d'ammoniaque associées à certaines maladies rénales ou celles de raifort en cas d'atteinte hépatique.
Plus rarement (merci aux progrès), le médecin devra affronter l'odeur repoussante de charogne d'une gangrène, ou celle insupportable de l'acromégalie. Qui saurait reconnaître la sueur acide du tuberculeux, les effluves douceâtres de la diphtérie, les exhalaisons d'étal de boucher de la fièvre jaune ou le parfum de plumes fraîchement arrachées typique de la rougeole et de certaines formes de la peste ?
Devant un patient suspecté d'intoxication, qui pourra, comme l'enseignaient les manuels, devant une odeur d'ail, affirmer l'intoxication au phosphore ou celle par le cyanure de potassium, face à un parfum d'amande amère ?
Enfin, subtilité clinique ou fermière, au gré de chacun, le médecin ne devrait pas confondre l'odeur de paille mouillée (on parle aussi d'odeur de « souris ») de la phénylcétonurie et celle de la paille pourrie associée à la brucellose.
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