LE CLOU de cette présentation magistrale d’une cinquantaine d’uvres est sans doute le célèbre portrait de Van Eyck, « L’Homme au chaperon bleu », d’une saisissante modernité et d’une somptueuse mélancolie. Mais la réunion des trésors amassés par Samuel von Brukenthal (1721-1803), gouverneur de Transylvanie et favori de l’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, réserve bien d’autres chocs. On peut en juger aisément en déambulant dans les six salles de l’exposition, organisées selon des thématiques telles que le portrait, le paysage, la nature morte etc.
Ici c’est l’époustouflant « Massacres des Innocents à Bethléem » de Bruegel l’Ancien, mélange de placidité et de réalisme brutal ; là un « Portrait d’homme lisant » de Memling, étonnant de finesse et de psychologie ; plus loin l’« Ecce Homo » du Titien, un Christ qui livre avec une singulière beauté sa grandeur et sa souffrance intérieure ; et encore le « Portrait d’homme tenant sa pipe » de Frans Van Mieris, d’une acuité exceptionnelle, une « Sainte Famille » de Jacob Jordaens traitée en clairs-obscurs fascinants, les joyeux et truculents « Fumeurs dans un café » de Teniers, le puissant « Hercule et le lion de Némée » de Rubens…
Tous les superlatifs sont bons pour qualifier ces uvres d’une force inouïe, joyaux de la collection que le baron éclairé rassembla aux côtés de centaines d’autres – son « butin » s’élève à 1 200 toiles au total – dans un palais de la Roumanie actuelle (à Sibiu).
A elles seules, ces quelques toiles nous livrent un résumé essentiel et un brillant florilège de la peinture du début de la Renaissance jusqu’au Siècle des Lumières.
› DAPHNÉ TESSON
Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann, 8 e. Tél. 01.45.62.11.59. Tlj de 10 à 18 heures (jeudi jusqu’à 21 h 30). Entrée : 10 euros (TR : 7,50 euros). www.bruegel-memling-vaneyck.com Jusqu’au 11 janvier 2010. Catalogue, 192 p., éd. Fonds Mercator, 39 euros.
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