AU MOMENT de son inauguration en avril 1934, le musée artistique et historique des hôpitaux de Paris a déjà une longue histoire derrière lui. Ne serait-ce que parce qu'il occupe des salles de l'hôtel de Miramion, qui abrite depuis 1812 la Pharmacie centrale. Cet hôtel bâti pour Christophe Martin a pris une vocation hospitalière depuis son achat en 1675 par Marie Bonneau de Miramion. La dame d'œuvre y installe les filles de Sainte-Geneviève, congrégation vouée au secours des malades. Sous la Révolution, la maison des Miramionnes, devenue bien national, est affectée aux Hospices civiles de Paris. Dès 1887, les faïences pharmaceutiques des apothicaireries des hôpitaux y sont regroupées dans les salles du 1er étage. Mais le conseil municipal de Paris pousse dès 1901 l'administration à faire plus et « à rassembler dans des salles spécialement appropriées tous les objets mobiliers, tableaux, instruments de chirurgie... qui se trouvent dans ses différents établissements pour en faire un musée historique ».
Le nom de l'hôtel de Miramion est suggéré dès 1902. En 1910 paraît un inventaire des objets d'art appartenant à l'administration générale de l'Assistance publique. Le conseil de surveillance de l'AP, accédant à la demande de la Commission du vieux Paris, propose le classement de nombreuses œuvres qu'elle doit, faute de moyens pour en assurer la conservation, déposer en partie au musée Carnavalet. Le ministère de l'Instruction et des Beaux-Arts inscrit, en 1926, l'hôtel de Miramion à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, sans prendre l'avis du propriétaire qui l'avait refusé par deux fois. Il est vrai que, en 1901, certains membres du conseil de surveillance de l'AP avaient émis l'idée de détruire le bâtiment pour mieux vendre le terrain, afin de financer le déménagement de la pharmacie.
Le premier hôpital-bloc.
Il aura fallu trente ans pour ouvrir le musée. Sans doute, la période est-elle plus favorable à la réflexion sur le patrimoine. C'est en effet dans les années 1930 que l'hôpital se technicise. « Quelques mois plus tard, ce sera l'inauguration du nouvel hôpital Beaujon, premier hôpital-bloc, annonciateur de l'ère qui va s'ouvrir, note Anne Nardin, l'actuelle conservatrice en chef du musée ; est-ce vraiment tout à fait un hasard ? » Dès 1935, il accueillera sous son toit une reconstitution de la salle de garde des internes de La Charité décorée en 1859 et 1892 par une série d'artistes (dont Gustave Doré) et ainsi sauvée de la destruction.
Le mouvement de conservation va d'ailleurs atteindre d'autres établissements. Les Hospices civils de Lyon ouvrent leur musée en 1935, puis l'hôpital de Rouen ouvre le sien en 1945. Il existe aujourd'hui en France une vingtaine de musées hospitaliers.
Pendant la guerre, les collections du musée sont mises à l'abri. Puis de nouveau montrées au public de 1947 à 1970. L'hôtel de Miramion ayant grand besoin de travaux, le musée s'installe provisoirement dans la maison de Scipion (ancienne boulangerie-pâtisserie de l'AP), de 1975 à 1981. En novembre 1981, il retrouve l'hôtel de Miramion, qui a repris le caractère d'une belle demeure, entre cour pavée et jardin. Une exposition permanente (toujours présentée) retrace l'histoire des hôpitaux parisiens du Moyen-Age à nos jours.
Le musée mène actuellement une politique active d'expositions et d'accueil du jeune public (deux itinéraires ont été conçus pour les enfants), des lycéens et des écoles d'infirmières. Il accueille entre 15 000 et 20 000 visiteurs par an. « Nous avons reçu 1 262 personnes lors de l'opération Rendez-vous aux jardins des 4-6 juin dernier », se réjouit Marie-Christine Valla, chargée de l'action culturelle et de la communication. C'est aujourd'hui un musée d'histoire et de société qui travaille avec des chercheurs pour proposer à travers ses expositions « des interprétations renouvelées d'une histoire complexe et toujours tendue ». Prochaine exposition : « L'enfant à l'hôpital ».
47, quai de la Tournelle, 75005 Paris, ouvert de 10 h à 18 h du mardi au dimanche.
L'association des amis du musée
Une porte de « cachot » de l'ancien hôpital Saint-Lazare, un bidet de consultation, un tableau de salle d'autopsie. Ce sont les trois objets - l'objet le plus ancien, l'objet le plus inattendu, l'objet le plus émouvant - primés parmi la cinquantaine reçue au cours de la chasse au trésor des objets et documents du monde hospitalier organisée par l'Association des amis du musée de l'AP-HP (Adamap) à l'occasion de son 70e anniversaire.
C'est une des premières initiatives de l'association, créée depuis peu et présidée par le Pr Henri Nahum. Ses objectifs : enrichir les collections (le musée conserve tous les témoignages de la vie hospitalière et médicale, y compris les plus humbles, comme les vêtements ou les objets usuels), faire connaître le musée, apporter son soutien à son animation et à l'organisation de ses manifestations.
Adamap, hôtel de Miramion, 47 quai de la Tournelle, 75005 Paris, Tél. 01.40.27.50.49, courriel : amis.du-musee@sap.ap-hop-paris.fr. Membre adhérent,15 euros, membre bienfaiteur 150 euros.
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