Peut-être est-ce « souvent en Rhône-Alpes que naissent les révoltes », comme l'a récemment souligné, à Lyon, le secrétaire général du syndicat MG-France, Vincent Rebeillé-Borgella, mais il n'est pas pour autant certain, à deux jours de la grève lancée par ce même syndicat, que la région se mue en bastion de la contestation. Une petite enquête révèle que, passé les frontières des grandes agglomérations rhônalpines, les intentions de fermeture des cabinets s'étiolent considérablement. Dans certaines banlieues lyonnaises, les médecins grévistes sont plutôt rares : « La nouvelle convention ne changera pas grand-chose », argumente, par exemple, un généraliste de Caluire (69). Dans les zones rurales, la fermeture est même impensable : « Ici, les médecins bossent », s'offusque le Dr Rémy Cadier, généraliste à Lamastre (07). Une fois l'accès de colère passé, il s'insurge contre le « manque d'information » sur le contenu de la nouvelle convention, précisant : « Nous ne savons donc même pas à quelle sauce nous serons mangés. »
« Coup de bluff ».
Pour le Dr Bernard Rougier, président de la Csmf-38 et généraliste à Tullins, cette grève n'est qu'un « coup de bluff ». Il dénonce la « désinformation faite par MG-France », et la manipulation dont l'Isnar-IMG ferait l'objet : « Ils n'ont rien compris, ajoute-t-il au sujet de ce dernier syndicat, mais c'est normal, ils ne sont pas dans le circuit ! » Considérant que « la nouvelle convention est moins pire que la précédente », il souhaiterait surtout que « la Ccam clinique prenne désormais en compte la notion de médecin traitant ».
De son côté, MG-69 n'en multiplie pas moins les appels à la grève. En s'appuyant sur les résultats d'une enquête téléphonique, réalisée auprès de 400 généralistes du département, le syndicat assure que « les deux tiers des répondants sont opposés à la nouvelle convention et décidés à protester par la fermeture des cabinets ». Les médecins ainsi contactés ont été invités à se joindre à la manifestation prévue à Paris. En début de semaine, « une centaine de généralistes et d'étudiants en médecine avaient pris leurs billets de TGV pour Paris », précisait le Dr Pascal Dureau, président de MG-69. Dans les maisons médicales de garde (MMG) de Lyon, « il a été décidé que les médecins seraient libres de faire grève ou non, mais que nous ne pouvions pas engager la structure », répond le Dr Robert Zieleskiewicz, président de l'association qui gère ces MMG. Enfin, la Fédération régionale des réseaux de soins a pris position en faveur de la grève : « Il est clair que, au travers de cette réforme, les questions de fond n'ont toujours pas été abordées », affirme son président, le Dr Albert Fhima, en précisant qu'il irait manifester à Paris. Interrogée sur la fermeture des cabinets de généraliste qui se profile, la préfecture du Rhône indique n'avoir entrepris aucune réquisition.
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