Dominique Giorgi

Le mousquetaire

Publié le 06/12/2014
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Dans le Gers, la défense de l’État est inscrite dans le patrimoine génétique du département. Il se transmet de génération en génération quel que soit le régime. Au temps de Louis XIV, les Gascons se distinguent par leur bravoure au combat. D’Artagnan est leur emblème. Lors de l’épopée napoléonienne, le maréchal Jean Lannes prend le relais. Aujourd’hui, les serviteurs de l’État sont peut-être moins flamboyants. Ils ne combattent plus pour la gloire mais pour défendre les intérêts économiques de l’État. Et Les batailles se livrent désormais dans les salons feutrés des ministères. Non pour conquérir de nouveaux territoires, mais pour épargner les finances du Trésor public. Dominique Giorgi, âgé de 53 ans, président du Comité économique des produits de santé (CEPS), s’inscrit dans cette lignée, celle de tous ces provinciaux qui ont réussi à Paris en creusant le sillon de la vertu, donc l’intégrité plutôt que celui du cynisme. Et son héros est plutôt le bordelais Michel de Montaigne que le natif d’Angoulème, Eugène de Rastignac, le héros noir de Balzac. C’est donc l’école républicaine qui a permis à ce natif du Gers où se croisent des racines corses, comme son patronyme le révèle, de monter à Paris. Ce fils de fonctionnaire emprunte la voie royale, celle de Sciences-Po Paris suivie de l’Ena. Au cours de ces années de jeunesse à Paris, Dominique Giorgi se plonge dans l’ivresse du savoir. Outre ses études de sciences politiques, il entreprend des études de droit et d’histoire. Pour autant le cursus à l’Ena n’est pas vécu comme le point d’orgue chez ce passionné de jazz, ancien pianiste amateur. Le concours de sortie, les appartenances sociales, les ambitions personnelles créent chez d’autres cette bulle où le culte de l’ego transcende chez certains le sens de l’État. Des amitiés se forgent mais pas avec Denis Olivenne ou Nicolas Baverez, les autres camarades de la promotion Michel-de-Montaigne. Dominique Giorgi en cohérence choisit d’entrer à l’Igas. Il ne sera jamais membre d’un cabinet ministériel. Mais se drape avec bonheur dans l’habit du haut fonctionnaire. Comme sous-directeur à la protection de l’enfance à la ville de Paris, il sera à l’origine de la création de la Maison de l’adoption et de la structure d’accueil des mineurs isolés. Et opère des allers et retours entre la maison (lgas) et d’autres structures comme celle de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris où il est nommé en 2008 secrétaire général. Dans ces emplois du temps surchargés, une place est toujours réservée à la transmission des savoirs. Dominique Giorgi est responsable du cours sur la protection sociale dans un master 2 délivré à l’Université Paris-Dauphine. Mais le sens de l’État peut-il se transmettre par un simple enseignement ? Le « tous pour un » a-t-il encore un avenir à l’époque de Facebook ou de twitter ?

Gilles Noussenbaum.

Source : Décision Santé: 299