BIEN SUR, il y a l'urgence liée à la préparation d'une pandémie de grippe très redoutée par tous les experts ; l'AMS exhorte les 192 Etats membres de l'organisation à élaborer et à appliquer des plans nationaux d'action destinés à limiter l'impact de la catastrophe annoncée. Elle constate au passage la pénurie actuelle de vaccins antigrippaux ainsi que le faible niveau de production des médicaments antiviraux.
Mais il y a aussi la gestion de toutes les épidémies qui sévissent aujourd'hui : celles pour lesquelles les progrès accomplis permettent d'entrevoir une prochaine éradication, comme la poliomyélite, avec les dernières mesures à prendre pour interrompre, dès la fin de l'année, les chaînes de transmission du poliovirus sauvage ; celles dont les victimes sont évitables, comme le paludisme, qui cause encore un million de morts par an. L'AMS a décidé de financer les achats en très grosses quantités de moustiquaires imprégnées d'insecticides et de médicaments antipaludiques. Face à l'épidémie de VIH/sida sont relevées des perspectives encourageantes avec les progrès accomplis pour étendre les traitements et les soins dans le cadre d'une action internationale coordonnée et complète.
L'AMS s'est cependant inquiétée du nombre croissant des cas de tuberculose multirésistante et de l'augmentation de la morbidité et de la mortalité chez les porteurs du VIH, encourageant les Etats à intégrer les programmes de lutte antituberculeuses dans leurs plans de développement sanitaire.
Nouvelle stratégie vaccinale.
L'histoire de la santé publique mondiale retiendra sans doute deux avancées effectuée par l'AMS millésime 2005 : d'une part, l'adoption du nouveau règlement sanitaire international (RSI), qui renforce les obligations respectives des Etats et de l'OMS en termes de prévention, de détection des urgences et de contrôles aéroportuaires (« le Quotidien » du 26 mai). L'assemblée mondiale a, d'autre part, arrêté une nouvelle stratégie de vaccination en collaboration avec l'Unicef ; constatant qu'on est loin de la couverture vaccinale universelle, elle veut développer une attention sans précédent aux pays pauvres, socialement marginalisés, en particulier dans les régions géographiques les plus mal desservies (taudis urbains comme zones rurales reculées). L'objectif est d'atteindre un taux de vaccination de 80 %, en particulier contre les rotavirus (responsables de près du quart des décès d'enfants dus aux maladies diarrhéiques) et contre les pneumococcies. Grâce aux efforts financiers des Etats, sans oublier ceux, remarquables, de bailleurs privés comme la Fondation Bill Gates, ce sont de quatre à cinq millions de décès d'enfants par an qui pourraient être prévenus à l'horizon 2015.
Les délégués n'ont pas limité leurs travaux, conférences et résolutions aux seuls champs de l'infectiologie. Concernant les taux de cancers dans le monde, ils ont ainsi recommandé des stratégies de prévention et de lutte, un dépistage et un traitement précoces, sans oublier l'amélioration des soins palliatifs.
La nutrition du nourrisson et du jeune enfant ont fait l'objet d'un débat concluant à la promotion et au soutien de l'allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie.
Au chapitre gériatrie, l'AMS, soulignant que les plus de 60 ans seront plus de un milliard dans vingt ans, demande la mise en œuvre du cadre d'orientation sur le vieillissement actif et en bonne santé.
La sonnette d'alarme a été tirée pour les effets de l'usage nocif de l' alcool. L'évolution à la hausse des consommations, notamment chez les jeunes, devient l'un des risques majeurs actuels pour la santé. L'alcool représente 4 % de la charge mondiale de la maladie en tant qu'agent étiologique de plus de 60 maladies.
Quand même, des bonnes nouvelles ont été au menu de l'assemblée, comme celles à mettre au bénéfice du développement de la cybersanté : les Etats sont invités instamment à s'efforcer d'en faire bénéficier leurs populations, y compris les groupes les plus vulnérables, compte tenu de leur bon rapport coût/efficacité. Les technologies de l'information et de la communication devraient permettre d'améliorer les services de soins de santé, la surveillance sanitaire et l'éducation pour la santé.
A propos de financement, une résolution a mis l'accent sur la nécessité de développer les systèmes de prise en charge dans de nombreux pays.
Les déséquilibres Nord-Sud n'ont pas été éludés. L'AMS s'émeut des migrations internationales de personnels de santé, elle dénonce le flux de professionnels hautement qualifiés qui quittent les pays en développement pour s'installer dans les régions favorisées. La question du développement des ressources humaines en santé a d'ailleurs été choisie comme thème du rapport sur la santé dans le monde en 2006 et sujet de la Journée mondiale de la santé la même année. Comme l'a souligné le Dr Lee Jong-wook, le directeur général de l'OMS, « il faut trouver le meilleur moyen de mettre les solutions qui existent aujourd'hui dans le domaine de la santé à la disposition de tous ceux qui en ont besoin ». Cela passe en particulier par le respect de la résolution de la Déclaration du millénaire, adoptée par l'ONU le 8 septembre 2000, par laquelle les pays développés se sont engagés à verser une aide à hauteur de 0,7 % de leur produit national brut.
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