Raoul Dufy voit le jour au Havre en 1877, au cur d'une famille modeste. Dans les salles du musée de sa ville natale, il restera de longues heures durant à étudier les uvres de Boudin et sera fasciné par l'impressionnisme et les toiles de Monet, à la manière desquels il commencera à peindre.
Mais c'est à Paris, au Salon d'automne de 1905, peu après son arrivée dans la capitale, qu'il aura un véritable éblouissement devant la toile « Luxe, calme et volupté » de Matisse. Il abandonnera alors l'impressionnisme pour se tourner vers le fauvisme. « Le réalisme impressionniste perdit pour moi son charme, à la contemplation du miracle de l'imagination traduite dans (...) la couleur. »
De ruptures en découvertes
Et c'est de ruptures en découvertes, d'expériences en révélations que Dufy avancera dans son art, passant d'un courant pictural à un autre. L'artiste n'est pas pour autant dilettante. Conduit vers le fauvisme, attiré par l'utilisation de la couleur pure que ce mouvement préconise, il en fait une approche intime et spécifique, sans recourir systématiquement aux tonalités tonitruantes chères à Derain et Vlaminck. Après un passage par le cubisme, où il se plaît à peindre géométriquement les toits et les champs du midi, après une période soumise à l'influence de Cézanne et Braque, après un changement de cap enfin vers l'expressionnisme, Dufy trouve son style, son inspiration, sa vérité.
La particularité de Dufy, le charme et la valeur de ses uvres résident dans sa vision du monde. Un monde paisible, insouciant, tendre, comme en témoignent déjà les travaux des premières années. Dufy capte l'air du temps, la vie quotidienne : « Terrasse de café », « Joueurs de boules à l'Estaque », « Marché aux poissons », « Affiches à Trouville », « Foire aux oignons ». Les personnages sont charmants, miniaturisés, traités avec humour ; les scènes champêtres et les paysages paisibles se multiplient sous son pinceau. Le regard est léger, placide, amoureux. Les natures mortes dans son atelier exhibent des fruits et des fleurs avantageux, les nus pudiques dévoilent joliment leurs chairs rosées, les fenêtres sont ouvertes sur une nature amicale.
Sa grande passion fut sans doute la mer, cet océan si familier dont il semble avoir épuisé tous les thèmes, toutes les couleurs, toutes les légendes, de ses coquillages mythiques à ses baigneuses callipyges, de ses ports animés à ses bateaux pavoisés.
En deux expositions, on pourra redécouvrir les uvres de l'artiste au regard bienveillant. Son éclectisme est particulièrement bien mis en avant au musée Malraux du Havre, qui expose céramiques, tissus, tapisseries, paravents, gravures.
International, Dufy ? Certainement. Outre-Manche, au milieu du siècle dernier, on ne s'y trompait pas. Un journaliste du « Time » l'avait surnommé le « grand papa du chic moderne ».
« Raoul Dufy, un autre regard ». Fondation Dina Vierny, Musée Maillol, 59-61, rue de Grenelle. Paris 7e. Tlj de 11 h à 18 h, sauf le mardi. Jusqu'au 16 juin.
« Raoul Dufy, du motif à la couleur », Musée Malraux, 2, bd Clémenceau. 76600 Le Havre. Jusqu'au 1er juin. L'exposition se déplacera par la suite au musée d'Art moderne de Céret du 21 juin au 14 septembre puis au musée d'Art et d'industrie André Diligent, Roubaix-La Piscine, du 26 septembre au 7 décembre.
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