Cinéma
« Dogville », de Lars von Trier
On peut se passer de décors naturels. Dogville, la petite ville américaine qui représente toutes les petites sociétés du monde, est tout simplement dessinée sur un plateau de cinéma, avec à peine deux ou trois meubles.
Nous faisons connaissance avec ses habitants à la manière des films d'autrefois. Grâce à une élégante voix off, qui est celle de John Hurt. Ce sont des gens pauvres - c'est la Grande Dépression - mais dignes, comme il se doit, une communauté laborieuse. Comment va-t-elle réagir à l'irruption d'une fugitive, recherchée à la fois par des gangsters et la police ? C'est tout l'enjeu de « Dogville », qui ne porte pas son titre par hasard.
Il serait dommage de décrire la suite (et le film dure 2 h 58 !) puisqu'il y a des rebondissements, de l'action, du romanesque, du mélodrame, de la violence. Car Lars von Trier va se saisir de quelques-unes des scènes cinématographiques les plus usées, les exercices imposés, en quelque sorte (la déclaration d'amour, l'exécution, le viol, la prison, l'évasion... on en passe car on en a déjà trop dit), pour les conter à son inimitable manière. L'angle n'est jamais celui qu'on attend.
Le cinéaste danois fait évoluer avec une grande précision sa vingtaine de personnages représentant à eux seuls tous les traits humains. Refusant de jouer avec les images de synthèse et le numérique, il préfère revenir à la netteté de la mise en scène théâtrale. Le monde est une scène, disait le dramaturge de Stratford, et la scène de von Trier est un monde. Où se rejoue, une nouvelle fois, le combat du bien contre le mal, ou plutôt de la bonté, d'une apparente innocence (comme celles des précédentes héroïnes du cinéaste) contre les égoïsmes et les désirs particuliers. Qui gagnera ? Le réalisateur palmé de « Breaking the Waves » et « Dancing in the Dark » a plus d'un tour dans son sac. Et plus d'une morale à la disposition du spectateur.
Après Emily Watson et Bjork, les cloches sonnent pour Nicole Kidman. Elle est particulièrement bonne, tout comme les acteurs d'origines diverses qui l'entourent, Harriet Andersson, Lauren Bacall, Jean-Marc Barr, Jeremy Davies, Udo Kier, Chloë Sevigny, Stellan Skarsgard , l'Anglais Paul Bettany... Tout un univers et tout le cinéma dans le village du chien.
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