ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
T REIZE tableaux et six dessins, dont huit peintures et la totalité des dessins n'avaient jamais été montrés en France, constituent une proposition de promenade en ce jardin idyllique inventé par le peintre à partir de morceaux de paysages réels, astucieusement agencés.
On y découvre la part considérable de la mythologie dans sa création, et combien le paysage reste chez lui un décor. La plupart des thèmes qu'il aborde proviennent de la mythologie. L'humeur de l'époque le voulait, on lisait Homère dans le texte, on fréquentait une mythologie filtrée à travers de grands textes : Ovide (« les Métamorphoses »), Apulée (« L'Ane d'or »), Virgile (« l'Enéide ») et dans le même temps, la lecture de la « Bible » est entrée dans le quotidien de chacun.
De ce matériel littéraire, le peintre tire des compositions emplies d'une lumière savante et théâtrale. Fixant ports et paysages dans un espace quasi fantastique.
Cette peinture hautement littéraire n'est jamais victime de ses sujets, des conventions qui l'accompagnent. Elle distille sa propre poésie faite d'une matière à la fois raffinée et profonde, et une exceptionnelle qualité de la lumière. Il s'en dégage une atmosphère d'une douce musicalité, où l'on croit entendre le son tendre de la flûte du pâtre. Il distille l'esprit du lieu, et celui plus subtil encore du temps. Un temps suspendu aux artifices de la Fable, mais rendu perceptible par la tendresse et la sagesse du discours qui en tire une sorte de philosophie pacifiste et bucolique.
On passe de paysages largement ouverts sur des horizons doucement vallonnés, à des bords de mer sur laquelle viennent en franchise et majesté, en surplomb des eaux doucement agitées, de magnifique monuments aux échos des solennités qu'ils encadrent.
Le dessin a cette qualité frémissante de la chose vue, sentie et retenue dans la spontanéité de l'émotion. C'est bien là son charme, que la peinture ne trahit pas, serait-elle plus élaborée, ayant pour but de répondre à des commandes, des caprices de commanditaires, et en chacun de ses détails pesée à l'aune d'une savante exigence.
« Claude Le Lorrain, et le monde des dieux ». Musée départemental d'Art ancien et contemporain, 1, place Lagarde, Epinal.
Tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 18 heures. Entrée 15 F. Un catalogue édité par la R.M.N.
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