Jacques Reignault, président du Centre national des professions de santé, est formel : le même objectif, la même cause sont à l'origine de la campagne qui réunit les 200 000 professionnels de santé, les 1 400 responsables des cliniques ou hôpitaux privés, les 260 industriels du médicament et les 202 fabricants de matériel médical. Cette raison, c'est bien évidemment la santé publique et « la crainte d'un rationnement des soins, de la pénurie des moyens et de l'appauvrissement de la recherche ».
D'où ces messages qui paraissent dans les journaux médicaux et notamment dans « le Quotidien » et qui appellent le gouvernement à « vite changer de point de vue », c'est-à-dire à abandonner le système de « maîtrise comptable » des dépenses de santé en vigueur depuis plusieurs années.
Il ne s'agit pas « de susciter une nouvelle polémique,mais d'ouvrir un dialogue », souligne, apaisant, Jean-Pierre Cassan, qui prendra en janvier la présidence du Syndicat national de l'industrie pharmaceutique (SNIP). Mais il n'en reste pas moins que les participants à cette opération contestent vivement la politique de maîtrise des dépenses. Ils font valoir que le gouvernement n'a pas encore abrogé le système de lettres clés flottantes (qu'Elisabeth Guigou envisage cependant de réformer dans le cadre d'un amendement au PLFSS modifiant le système conventionnel) et encore moins le système de reversements appliqué à l'industrie pharmaceutique.
Mais c'est le principe même de l'Objectif national des dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) qui est vivement combattu par l'ensemble des professionnels de santé et des industriels. « Chacun sait, souligne Jean-Pierre Cassan, que le taux de 3,9 % (d'augmentation des dépenses) envisagé pour 2002 est totalement irréaliste, comme commencent d'ailleurs à le dire les experts et les hommes politiques. Chacun sait aussi que l'évolution annuelle devrait se situer autour des 6 à 7 %. »
C'est aussi l'opinion du Dr Max Ponseillé, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) : il dénonce un système « pervers » qui pénalise d'abord « les cliniques privées ».
Quant au Dr Claude Maffioli, président de la CSMF, présent à cette réunion, il a conseillé au monde politique de « mettre fin au ridicule d'un ONDAM chaque année dépassé, rebasé, qui ne repose sur aucune logique sanitaire ». En tant que professionnel de santé, a insisté le président de la CSMF, « je refuse le terme de "dérive", et je refuse d'être tenu responsable de l'évolution des dépenses de santé. Ma seule responsabilité, je l'exerce avec mes patients ».
Un avertissement aux politiques
Un raisonnement que rejoint Patryck Breitburd, président du Syndicat national des industries et technologies médicales (SNITEM), lorsqu'il affirme que le système actuel est un frein à « toutes les innovations qui devraient être mises à la disposition des professionnels de santé et à l'équipement des établissements de soins ».
Reste à savoir maintenant ce que sera l'avenir de cette « coalition ». « Nous espérons, a expliqué Jean-Pierre Cassan , que notre action sera suffisante pour sensibiliser les pouvoirs publics et que le gouvernement acceptera de discuter avec nous de tous les problèmes que nous abordons dans ces campagnes. »
Mais au-delà, il est clair qu'à l'approche d'échéances électorales décisives, le message s'adresse à l'ensemble du monde politique. Le rassemblement de professionnels de santé, de responsables d'entreprises privées, d'industriels pourrait sonner comme un avertissement à l'égard des politiques, qui ont encore en mémoire les conséquences, pour la majorité d'alors, du plan Juppé, lors des législatives de 1997.
C'est dans ce contexte que les responsables de ces organisations professionnelles ont décidé de se revoir régulièrement pour tenter d'aller plus loin dans leur démarche et d'élaborer, dans les mois à venir, des propositions communes en matière de protection sociale et de santé publique.
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