F AUT-il avoir peur du passage à l'euro ? Dans le monde de la santé, l'heure n'est ni à l'europanique ni à l'europhorie. Comme si l'on avait encore du mal à apprécier l'ampleur de la révolution qui se prépare, celle qui va voir, dans la nuit du 31 décembre 2001, douze pays européens renoncer à ce que les constitutionnalistes présentaient naguère comme l'un des fondements de la souveraineté nationale : leur monnaie.
Au-delà du débat de fond - qui resurgira inévitablement en France à l'occasion de la prochaine élection présidentielle -, ce sont les modalités pratiques du passage à l'euro, le changement qu'il implique dans la vie quotidienne des citoyens et dans le fonctionnement des institutions qui mobilise l'attention.
Le monde de la santé est-il prêt à affronter cette révolution ? Du côté des institutions, on répond par l'affirmative. L'assurance-maladie a décidé d'anticiper le passage à l'euro et de faire basculer les prestations et les décomptes en euros dès le 1er octobre. Reste à savoir si cette opération se déroulera sans qu'un quelconque bug ne la perturbe. Dans les hôpitaux, l'adaptation de logiciels de paye ou de facturation est en bonne voie.
On nourrit cependant quelques inquiétudes en ce qui concerne les petits établissements qui pourraient éprouver des difficultés. La renégociation des contrats avec les fournisseurs est également, pour tous les établissements, une tâche ardue. Les cliniques préparent, elles aussi, le passage à l'euro.
Quant aux médecins libéraux et à tous les autres professionnels de santé, ils n'ont pas encore mesuré l'ampleur des changements qui les attendent.
L'un des principaux problèmes techniques auxquels ils vont se heurter est la modification de leurs logiciels de télétransmission des feuilles de soins. Rares en effet sont les logiciels qui, aujourd'hui, ont déjà reçu leur agrément euro. Un retard dans cette opération d'agrément et de mise à jour obligerait les médecins à revenir à l'utilisation des feuilles de soins papier à partir du 1er janvier 2002. Un cauchemar pour la Sécurité sociale qui n'arrive déjà pas à résorber le retard accumulé dans le traitement des feuilles de soins papier.
D'autres problèmes ne manqueront pas de survenir : ils sont inévitables lorsqu'il s'agit de faire basculer des systèmes entiers de comptabilité d'une monnaie dans une autre. Lorsqu'il s'agit, surtout, de modifier les habitudes de calcul des citoyens. La période du 1er janvier au 17 février durant laquelle, en ce qui concerne les espèces, coexisteront les deux monnaies, sera sans doute, la plus délicate.
Cette révolution qui s'annonce est, sauf aux yeux des eurosceptiques, prometteuse en termes politiques et économiques. Mais elle a aussi un coût et elle n'ira pas sans difficultés. Mieux vaut s'y préparer. « Le Quotidien » brosse, ci-dessous, un état de lieux, secteur par secteur, dans le monde de la santé.
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