Quel bilan tirez-vous de votre 50e Congrès ?
Cela a été un vrai succès. Cela a été le congrès du rassemblement avec l’ensemble des acteurs des centres de santé, professionnels de santé comme personnels administratifs et gestionnaires. Les élus, également, sont venus nombreux. Au total, quelque 500 personnes se sont croisées. Le programme était ambitieux et éclectique, traitant de tous les problèmes qui font l’actualité depuis trois ans.
Comment se portent les centres de santé aujourd’hui ?
Il y a environ 1 500 centres de santé en France. Ils ont obligation de pratiquer le tiers payant et interdiction de pratiquer des dépassements. Ils ont des missions de promotion de la santé et de prévention. Ils sont financés à l’acte mais cela ne suffit pas à compenser les dépenses occasionnées par la pratique du tiers payant et de la dispense d’avance de frais. Selon les structures, on constate qu’il y a entre 5 et 20 % de surcoût à la charge des gestionnaires. Les contraintes financières sont telles qu’elles menacent parfois la pérennité de ces centres. Certains sont contraints à réorienter leur activité pour assurer un équilibre financier minimal. Pourtant, c’est un modèle qui s’impose. Après avoir été considérés pendant des décennies comme des alternatives, aujourd’hui, on voit bien que les centres de santé apparaissent comme des structures pertinentes pour répondre aux difficultés liées à la démographie médicale, à l’accès aux soins, à l’offre de soins. Les centres de santé sont un modèle qui a inspiré les pôles et maisons de santé.
Quid, justement, de votre positionnement par rapport aux maisons de santé ?
L’offre de soins ambulatoire en France est majoritairement libérale. Et aujourd’hui se pose la question de la refondation de cette offre de soins. Les maisons de santé s’inspirent des centres de santé pour leur cadre pluriprofessionnel, pluridisciplinaire, autour d’un dossier médical partagé. Elles ont des problèmes qui rejoignent les nôtres, sur le financement par exemple. On se retrouve donc sur un certain nombre de points. La différence fondamentale réside dans les différences de statut et dans la façon de penser la gestion de la structure. Dans une maison de santé, l’organisation reste libérale. Qui est le patron ? Enfin, leur positionnement par rapport à l’accessibilité sociale aux soins n’est pas encore établi.
La loi HPST a-t-elle eu une influence sur les centres de santé ?
Cette loi a bouleversé plus qu’on le croit le cadre des centres de santé. Désormais, ils peuvent être créés par des organismes autres que des mutuelles ou des collectivités territoriales. Des cliniques peuvent ouvrir leur centre de santé. Ce n’est pas sans poser problème. Nous nous sommes battus contre cette possibilité car cela introduit l’idée de la transformation des centres de santé en espèces de plateformes de tri pour alimenter l’activité des cliniques. En revanche, la loi HPST a eu le mérite de mettre en valeur les coopérations interprofessionnelles ou encore l’éducation thérapeutique qui résonnent en écho avec ce que l’on fait depuis des années.
À l’occasion de votre congrès, vous avez présenté les résultats d’une enquête sur l’accès aux soins réalisée avec l’Irdes...
Oui. Globalement, cette enquête Epidaure montre que si les centres de santé restent ouverts à tous, plus de 60 % des patients qui viennent dans nos centres se déclarent en situation précaire, contre 35 % en population générale, 30 % se déclarant même inactifs. On observe aussi que 79 % seulement disent disposer d’une couverture complémentaire, contre 94 % en population générale. Et puis, un point positif, si l’on analyse les recours aux centres de santé, on constate que le fait d’être suivi dans un centre de santé diminue la dépense du recourant de l’ordre de 35 %, notamment sur le poste médicaments.
Médecins du Monde remarque un doublement des retards de soins ces dernières années, de 11 à 22 % entre 2007 et 2009. Faites-vous le même constat ?
Complètement. Les situations de retard de soins et de renoncement aux soins sont de plus en plus fréquentes. Il est de plus en plus difficile d’amener nos patients dans des processus de prise en charge dans des délais raisonnables. L’état de la patientèle se dégrade. Les gens vont mal, se sentent en mauvaise santé et ont de plus en plus de difficultés à se faire soigner.
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