«C’EST UNE PRIORITE de mon action»: Xavier Bertrand s’est voulu déterminé en présentant avec une certaine solennité son plan pour renforcer la lutte contre les infections nosocomiales. Un dispositif qui consiste à mesurer, par un indicateur particulier, les efforts entrepris par chaque établissement pour combattre ce fléau. Cet indicateur « Icalin », en clair « indice composite des activités de lutte contre les infections nosocomiales », sera appliqué à chaque établissement et les résultats en seront rendus publics et mis à la disposition de tous, a précisé le ministre, «professionnels de santé comme patients».
Cependant, a tenu à nuancer Xavier Bertrand, cet indice servira «à mesurer les efforts entrepris par chaque établissement dans la lutte contre ces infections; ce n’est pas le taux d’infections nosocomiales dans chaque établissement». Ne pas confondre.
De A à E.
Icalin sera calculé tous les ans à partir de données transmises par les établissements eux-mêmes. Il se présente sous la forme d’un score de 100 points qui conduit à une répartition des établissements – le ministre se refuse à parler de classement – dans des catégories allant de A à E : A étant réservé aux établissements qui ont les scores le plus élevés (voir tableau). Ce sont, précise un document du ministère de la Santé, «les structures les plus en avance et dont l’organisation de la prévention du risque infectieux est la plus élaborée».
A l’inverse, la classe E «réunit les établissements ayant les scores Icalin les moins élevés, les plus en retard» dans la mise en oeuvre du programme de lutte contre ce fléau. Pour autant, les pouvoirs publics ne veulent pas jeter l’opprobre sur ces établissements. Pour preuve, cette petite phrase du ministre de la Santé qui explique que les 163 établissements classés en catégorie E ne doivent pas être systématiquement montrés du doigt. «Leur score Icalin, explique Xavier Bertrand, ne veut pas dire qu’ils ne sont pas actifs en ce domaine, ni qu’ils comportent des risques majeurs pour les patients. Leur classement signifie qu’ils sont en retard dans la mise en oeuvre concrète de la lutte contre les infections nosocomiales.» Le sens «de notre démarche, poursuit le ministre, est d’inciter ces établissements à rejoindre les meilleurs et non de les stigmatiser. Nous soutiendrons leurs actions en ce sens». D’où la volonté du ministre que plus aucun établissement de soin ne se situe en catégorie E lors des prochains classements, et cela dès 2007.
Car Icalin a vocation à devenir régulier. Chaque année, un classement sera élaboré et si, pour l’heure, certains établissements peuvent encore s’y soustraire, ce ne sera plus le cas dans les prochaines années. «Pour Icalin 2007, a précisé fermement le ministre, tous les établissements devront jouer le jeu de la transparence et, donc, fournir un bilan permettant de calculer leur score, sous le contrôle des agences régionales de l’hospitalisation. Et, surtout, nous souhaitons que plus aucun établissement ne se situe en classeE.»
Xavier Bertrand veut aller vite en besogne, et c’est la raison pour laquelle il demande, d’ores et déjà, à chaque établissement de la catégorie E de réunir avant la fin de février tous les acteurs concernés : direction, commission médicale d’établissement, comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin), personnel d’hygiène, afin d’établir «le diagnostic de ses faiblesses en regard des items d’Icalin, que sont l’organisation, les moyens et les actions».
Première étape.
La mise en place de cet indice n’est cependant que la première étape du programme 2005-2008 de lutte contre les infections nosocomiales. Ce plan comptera quatre autres indicateurs : taux d’infections du site opératoire par type d’acte opératoire (disponible à la fin de 2006) ; volume annuel de produits hydro-alcooliques (hygiène des mains) pour 1 000 journées d’hospitalisation (disponible d’ici à la fin de 2006) ; taux de staphylocoques dorés résistants à la méticilline pour 1 000 journées d’hospitalisation (disponible avant la fin 2007) ; suivi de la consommation d’antibiotiques (disponible d’ici à la fin 2007).
La France n’est certes pas la plus mal classée concernant les maladies nosocomiales. Avec environ 7 % des patients touchés, elle se situe, selon le ministre, «dans une moyenne européenne, et les outils d’alerte et de surveillance mis en place sont parmi les plus performants du continent».
Mission d’information et de médiation.
Il reste que ces infections sont responsables de 4 000 décès directs et coûtent 200 millions d’euros par an. D’où la détermination des pouvoirs publics de mettre en place un nouveau dispositif.
Enfin, le ministre de la Santé a annoncé qu’une mission d’information et de médiation sur les infections nosocomiales (Mimin) avait été confiée à Alain-Michel Ceretti, ancien président de l’Association de lutte contre les infections nosocomiales (Lien), dont on se rappelle le rôle qu’il a joué dans ce domaine pour sensibiliser patients et pouvoirs publics à ces problèmes.
Cette mission, dans l’esprit du ministre, devrait permettre de «mieux écouter et d’accompagner les victimes de ces infections, d’assurer le suivi personnalisé de leur cas, tout en limitant le recours au contentieux systématique». Dès le mois de mars, cette mission disposera d’un Numéro Vert et d’un site Internet accessible à tous.
Icalin est consultable sur le site Internet du ministère de la Santé : www.sante.gouv.fr. Un Numéro Indigo est également mis en place : 0820.03.33.33.
Répartition par catégorie des établissements (2004) |
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Catégories | Nombre détablissementsde santé | Non répondants% | E % | D% | C % | B % | A % |
CHR-CHU | 81 | 3,7 | 4,9 | 17,3 | 42,0 | 22,2 | 9,9 |
CH moins de 300 lits | 319 | 5,6 | 6,0 | 10,7 | 37,6 | 24,8 | 15,4 |
CH plus de 300 lits | 242 | 0,0 | 2,9 | 16,5 | 33,9 | 35,5 | 11,2 |
Etablissements psy | 294 | 19,4 | 9,9 | 9,5 | 30,6 | 21,1 | 9,5 |
Hôpital local | 346 | 19,9 | 4,0 | 11,6 | 32,1 | 22,5 | 9,8 |
Privé MCO moins de 100 lits | 361, | 16,6 | 5,3 | 16,9 | 29,6 | 19,4 | 12,2 |
Privé MCO plus de 100 lits | 318 | 7,9 | 7,5 | 12,6 | 36,8 | 22,3 | 12,9 |
Hôpital des Armées | 9 | 0,0 | 0,0 | 44,4 | 33,3 | 22,2 | 0,0 |
Soins de suite et réadapatation | 735 | 18,8 | 5,4 | 12,8 | 33,3 | 20,1 | 9,5 |
CLCC Cancer | 20 | 0,0 | 0,0 | 20,0 | 45,0 | 15,0 | 20,0 |
HAD | 13 | 38,5 | 15,4 | 0,0 | 0,0 | 7,7 | 38,5 |
Hémodyalise | 37 | 16,2 | 2,7 | 21,6 | 29,7 | 16,2 | 13,5 |
MECSS-Pouponnière | 41 | 17,1 | 9,8 | 17,1 | 39,0 | 17,1 | 0,0 |
Non renseignés | 16 | 100,00 | |||||
TOTAL | 2 832 | 14,3 (404) | 5,8 (163) | 13,2 (374) | 33,4 (945) | 22,2 (630) | 11,1 (316) |
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