L'AGENCE européenne de sécurité alimentaire (Aesa) vient de donner un avis positif sur le maïs transgénique de l'entreprise américaine Monsanto (MON 863) qu'elle estime « aussi sûr que le maïs conventionnel ». « Par conséquent, sa mise sur le marché destinée à des fins d'importation, de traitement ainsi qu'à l'alimentation humaine et animale n'est pas susceptible de provoquer des effets indésirables sur la santé humaine ou animale, ou sur l'environnement », poursuit l'agence.
Une conclusion déroutante si l'on se réfère à la Commission française du génie biomoléculaire (CGB) qui, chargée d'expertiser les dossiers d'OGM en France, avait émis en octobre 2003 un avis défavorable sur ce même maïs. La CGB a en effet jugé que le test de toxicité conduit sur des rats pendant trois mois avec le maïs (MON 863) « soulève de nombreuses questions liées à l'absence d'interprétation satisfaisante de certaines des différences significatives » entre le groupe témoin et le groupe nourri 90 jours avec le maïs modifié. Toutefois, ce maïs a reçu le feu vert de l'autre instance chargée d'examiner les dossiers d'OGM, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Selon un toxicologue de l'Afssa, Joël Guillemain, les différences relevées sont « trop dispersées » pour avoir une signification.
Prenant appui sur cette polémique, le ministre de l'Ecologie, Serge Lepeltier, s'est prononcé en faveur d'un « grand débat public sur les OGM ». « Il faut impérativement un grand débat sur cette question. Au-delà des associations écologistes, c'est l'ensemble de la population qui doit être concernée », a affirmé le ministre.
Une décision des Quinze.
Cette semaine, les ministres européens de l'Agriculture se prononcent également sur une autorisation d'un maïs doux (en boîte) transgénique destiné à l'alimentation humaine, le maïs BT-11 du groupe suisse Syngenta. Il s'agit du premier dossier d'OGM soumis aux Quinze depuis le moratoire de fait sur les nouvelles autorisations d'OGM dans l'Union en 1999. Le comité d'experts de l'Afssa, qui avait déjà émis des réserves sur ce maïs (« le Quotidien » du 8 décembre 2003), a réexaminé le dossier après la publication de deux nouvelles études scientifiques. Selon son directeur général, Martin Hirsch, les deux nouvelles études ne changent pas la position initiale de l'Agence, car elles portent sur le maïs BT-11 sous sa forme grain et non sur la variété de maïs doux soumis à l'autorisation. L'Afssa estime que « en toute rigueur, il conviendrait de disposer d'une étude de toxicité/tolérance chez le rat ou une étude de tolérance/alimentarité chez un animal d'élevage, par exemple le poulet en croissance, réalisée avec du maïs doux portant cet événement de transformation ». Le dossier comporte certes des études sur animaux, mais uniquement pour la variété grain, qui diffère du maïs doux par la teneur en saccharose, en glucose et fructose ainsi qu'en amidon.
L'association altermondialiste Attac France, l'organisation écologiste Greenpeace France et le syndicat agricole Confédération paysanne organiseront le 8 mai prochain une « journée nationale d'opposition aux OGM ». Ces associations veulent organiser des séances d'information afin « d'alerter la population sur les conséquences de l'introduction des organismes génétiquement modifiés dans notre environnement, au moment où leur développement commercial est envisagé en Europe ». Le nouveau règlement européen concernant la traçabilité des OGM (les produits alimentaires qui contiennent plus de 0,9 % de produit génétiquement modifié, en dehors des produits dérivés des animaux) est d'ores et déjà en application en France. Les organisateurs de la journée d'action veulent souligner les « lacunes » de l'information sur les OGM, comme « le caractère incomplet des règles de traçabilité et d'étiquetage, en particulier pour les aliments issus des productions animales », les incertitudes scientifiques sur ce procédé et « le monopole des compagnies multinationales sur la production alimentaire, par l'utilisation abusive de brevets sur les semences OGM ».
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