«Ç A ne marchera jamais ! » Reprenant la formule publicitaire célèbre, Bernard Kouchner a brocardé le scepticisme ambiant - pour ne pas dire plus - qui a accueilli l'idée pionnière du Dr Marie-Claude Tesson-Millet et de Philippe Tesson : créer et faire vivre un journal quotidien consacré à la médecine et à ceux qui l'exercent.
Et aujourd'hui, trente ans plus tard, le ministre délégué à la Santé ne boude pas son plaisir : « Je suis très heureux et fier d'être un lecteur assidu du "Quotidien du Médecin", a-t-il lancé... même s'il m'engueule ! Car ce n'est pas mal de se faire engueuler avec élégance. »
« Indépendant, pugnace et libre »
De fait, « le Quotidien » revêt désormais la dimension d' « une véritable institution », à la tête d'une « presse médicale indépendante, pugnace et libre ». Une institution qui a joué « un rôle très positif, très important dans les combats qui ont marqué nos trente dernières années ».
Enumérant les plus mémorables de ces batailles, Bernard Kouchner ne pouvait pas ne pas commencer par « le soutien apporté à la médecine humanitaire, depuis la création de Médecins sans Frontières jusqu'à aujourd'hui. Oui, la presse médicale a beaucoup fait pour promouvoir ce type d'engagement ».
Le ministre n'oubliera pas davantage « la position très claire du"Quotidien du Médecin"sur les droits des femmes à maîtriser leur fécondité, les débats passionnés sur la loi Veil, qui ont été précédemment évoqués et qui illustrent parfaitement l'engagement du "Quotidien" dans ce domaine, un engagement courageux, compte tenu du conservatisme d'une partie de son lectorat ».
Coup de chapeau également à l'information scientifique et médicale distillée jour après jour dans ces colonnes : « A une époque où cette information va si vite et se propage dans le public par de multiples sources, Internet en particulier, les professionnels de santé ont besoin de cette actualisation rapide et permanente, mais faite aussi de sélection et de réflexion », a souligné Bernard Kouchner.
Le premier article sur le SIDA
« A ce titre, ce n'est peut-être pas un hasard, a-t-il poursuivi, si"le Quotidien du Médecin"a été le premier journal français à publier un article sur les premiers ravages du SIDA. Quelle histoire et quelles leçons ! Aucune sinistre secousse pathologique n'aura transformé autant notre système de soins et surtout les mentalités médicales. Les malades et leurs associations ont enfin droit de cité. Je suis ministre de la Santé pour la troisième fois. J'espère transformer ce ministère en celui des malades. »
Pour cela, Bernard Kouchner a estimé qu' « il faudrait que les Français, et pas seulement les médecins, mais tous les usagers de notre système de soins, soient beaucoup plus largement consultés ». A ses yeux, il est indispensable de veiller à « la transparence » et à « l'équilibre de l'institution politique de santé », en y associant au premier chef les syndicats et les organisations professionnelles.
« Notre système, a-t-il rappelé, globalement, pratiquement, est le plus performant (ainsi que l'a estimé l'Organisation mondiale de la santé). C'est aussi le plus critiqué et le plus agité, en permanence au bord d'un gouffre, ou d'une manifestation, en moyenne trois par jour ! »
Sans éluder le débat sur la maîtrise des dépenses de santé, Bernard Kouchner a souligné que « des intérêts contradictoires, des analyses différentes alimentent des débats qui semblent parfois bien stériles ; pendant ce temps, le gouvernement doit agir, mettre en uvre des réformes qu'il est toujours aisé de critiquer (...) Mais de grâce, a-t-il adjuré, revenons de temps en temps à l'essentiel et abandonnons la langue de bois ! Personne n'échappera pas à la nécessité de maîtriser - autant que faire se peut - la croissance exponentielle des dépenses de santé, qui avance plus vite que le PIB (...) Mieux vaut le faire et sans limiter l'accès de tous les Français au progrès thérapeutique. »
Pour effectuer « des choix difficiles », « nous avons besoin d'une presse médicale indépendante et responsable, a conclu le ministre. Une presse indépendante de toutes les forces de pression et sachant que le succès final de notre système de soins ne pourra venir que d'un consensus minimal ».
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