LA PAROLE AUX OPPOSANTS.
En poursuivant ses entretiens bilatéraux avec les syndicats médicaux, le ministre de la Santé commence à prendre la mesure du mécontentement qui s’est exprimé lors des élections aux Urml.
Mardi dernier, c’est une FMF revendicative, confortée par ses bons résultats dans les deux collèges, qui a été reçue au ministère pendant plus de deux heures avec un long cahier de doléances.
Ce matin, Xavier Bertrand rencontre cette fois MG-France, désormais premier syndicat de médecins généralistes et détracteur le plus virulent de la convention actuelle.
Ce (délicat) tour de table postélectoral est un signal envoyé à la profession : Xavier Bertrand veut écouter l’ensemble des syndicats pour «connaître leurs positions et leurs propositions», et voir ensuite comment «améliorer» les choses.
La FMF, qui n’a pas toujours été traitée avec des égards par les pouvoirs publics, n’a pas boudé son rendez-vous ministériel. «Le ministre s’est montré à l’écoute de nos préoccupations, réceptif et même chaleureux. L’entretien a été plutôt positif», a estimé le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF. Pour autant, le ministre n’a pris aucun engagement ferme à ce stade. La reconnaissance de la représentativité de la FMF dans le collège généraliste (16,5 % des voix) a été posée par le syndicat comme un préalable. «Il ne ferme pas la porte d’une enquête, mais il ne dit pas oui», constate le Dr Régi. Le ministre aurait également «bien noté» l’exigence de la FMF d’être représentée «à sa juste place» dans tous les conseils professionnels (FMC, nomenclature, dispositifs médicaux, permanence des soins, professions de santé...). Même «écoute polie» du ministre sur la demande de suppression du tarif d’autorité (TA, montant dérisoire de remboursement hors convention) qui, selon la FMF, contraint les médecins à négocier avec la Cnam «le couteau sous la gorge».
Le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF-G, a également noté la volonté du ministre de «sortir par le haut» sur le dossier du médecin référent. «Il a abordé lui-même la question», relève le Dr Hamon, qui plaide pour le «gel» de cette option (dont la convention a prévu la suppression).
Quant à la simplification administrative, désormais à l’ordre du jour, Xavier Bertrand a demandé à la FMF quelles étaient ses «priorités».
Symbole.
Ce n’est pas tout. La FMF a réclamé une mesure «hautement symbolique»:la reconnaissance universitaire de la médecine générale comme spécialité à part entière.
Ce dossier pourrait prendre de l’ampleur. Ce matin, la délégation de MG-France remet au ministre de la Santé un arrêté «clés en main» sur ce sujet (voir encadré). Le Dr Pierre Costes, président de MG-France, fait de la reconnaissance universitaire de la médecine générale un «élément de crédibilité du discours du gouvernement». Pour le Dr Vincent Renard, président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (Snemg), les résultats des élections aux unions «peuvent favoriser une écoute différente du ministère par rapport à la parole des généralistes» sur ce dossier.
MG-France, qui estime, en revanche, que la simplification annoncée par Xavier Bertrand est un «rideau de fumée», demande un plan d’investissement massif sur les soins primaires. Sans exclure un «conflit tarifaire majeur» avec la médecine générale «si rien n’est fait». Le syndicat réunira une assemblée générale extraordinaire le 8 juillet pour décider des «actions» à mener.
Filière de médecine générale, une demande récurrente
Trois semaines après les élections aux unions régionales des médecins libéraux, MG-France fait le forcing pour obtenir la promulgation d’un arrêté permettant la création immédiate d’une filière universitaire de médecine générale. Le syndicat remet ce matin à Xavier Bertrand son propre projet d’arrêté prévoyant l’inscription de la médecine générale dans la section 53 du Conseil national des universités (CNU), à côté de la médecine interne, de la gériatrie et de la chirurgie générale. Selon ce texte, cette modification réclamée de longue date par les généralistes enseignants et les internes en médecine générale interviendrait dès le 1er juillet 2006. Cette mesure, hautement symbolique, se heurte toutefois à de nombreux blocages, notamment dans les milieux hospitalo-universitaires.
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