L'Allemagne, pour exemple : Jean-François Mattei, après avoir appelé les médecins de la CSMF réunis à Ramatuelle à l'aider à réformer en profondeur le système de protection sociale, a réitéré son invitation aux usagers et à l'opposition politique. Dans le dessein évident de montrer que les problèmes de Sécurité sociale et d'assurance-maladie méritent un débat qui dépasse les clivages habituels et qu'une réforme a besoin d'un consensus national. Sous-entendu, comme en Allemagne (voir ci-contre), où le gouvernement social-démocrate de Gerhard Schröder a su convaincre, sans trop de mal, semble-t-il, l'opposition chrétienne-démocrate d'élaborer avec lui une réforme qui vient d'être largement votée par les députés.
En sera-t-il de même en France ? On en doute quelque peu. Chiche, a cependant répondu Jean-Marie Le Guen, député socialiste du 13e arrondissement de Paris et responsable des questions de santé de son groupe à l'Assemblée nationale. « Nous sommes prêts, a-t-il expliqué également sur France 3 au ministre, à vous faire un certain nombre de propositions dans les semaines qui viennent. »
Il est de fait que le Parti socialiste a constitué autour de son secrétaire général, François Hollande, un groupe de travail sur la santé, qui devrait, dans les tout prochains jours, rendre un premier travail. Le bureau national du PS, qui se réunit le 8 octobre, doit l'examiner. Mais cela ne sera qu'une première ébauche. Il est vrai qu'on est encore très loin des échéances législatives et présidentielle, et que le PS ne veut pas partir trop tôt.
Il faudra bien, pourtant, que le Parti socialiste apporte une réponse au ministre de la Santé, qui a insisté : « Nous avons créé ensemble la Sécurité sociale en 1945. Il n'y a pas de raison qu'on ne soit pas capables, en 2004, de la remettre sur les rails. » Au risque de refuser le débat, et de passer pour de piètres démocrates, alors qu'il y a péril en la demeure, les responsables socialistes devraient donc répondre à l'invitation du ministre de la Santé.
« Sur la forme, commente le Dr Claude Pigement, délégué pour les questions de santé au parti, cette initiative du ministre ne pose guère de problèmes. Nous pouvons lui rendre visite sans aucun souci, pour échanger nos sentiments et nos réflexions sur l'avenir du système de protection sociale. » Et sur le fond ? C'est une autre question, « autrement plus importante, commente-t-il. Le gouvernement s'est mis dans une situation impossible par sa faute. Les besoins de financements se font chaque jour un peu plus pressants, mais il recule sans cesse les échéances et refuse de prendre ses responsabilités en la matière ».
Il est donc hors de question pour le Parti socialiste (Claude Pigement ne le dit pas, mais cela va de soi) de participer à une opération sauvetage d'un gouvernement qui, jusqu'à présent, a traité l'opposition par l'indifférence. D'autant que, dans cette invitation, certains flairent le piège.
« Ce n'est pas le problème, répond Claude Pigement . Car si piège il y a, il est en trop grossier pour que nous nous laissions prendre. »
On aura compris que le Parti socialiste veut clairement montrer à l'opinion que les problèmes de santé et de protection sociale sont une de ses préoccupations majeures : pour preuve, il a déjà élaboré les grandes lignes d'un projet de réforme (ce qui n'a pas été le cas pour les retraites, et on le lui a assez reproché). Il est donc prêt à se rendre sans état d'âme à des réunions avec les ministre de la Santé, de l'Economie, des Affaires sociales et avec le Premier ministre.
Mais de là à bâtir un projet commun, à voter une réforme commune, il y a un pas, qu'il n'est pas vraiment décidé à franchir. « Nos divergences sont encore très profondes », explique Claude Pigement. L'Allemagne est encore très loin.
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