LA PLUPART des médecins n’y apprendront pas de scoop, mais certains digéreront mal l’affront. Quelques grands pontes parisiens, surtout. Le livre de notre consœur raconte haut et fort ce qui se murmure tout bas dans les couloirs des hôpitaux. En annexe, le serment d’Hippocrate, comme une piqûre de rappel pour les brebis égarées.
Odile Plichon est la première journaliste à publier une liste des PU-PH abusant du secteur privé. L’article sort en 2007 dans « le Parisien », et crée une onde de choc à l’AP-HP. Le livre épingle des noms, toujours les mêmes. Certains mandarins cumulent des dépassements records et des délais de rendez-vous élastiques selon le secteur de consultation. Et les contrôles ? Si maigres, dénonce la journaliste, qui cite le cas du Pr Rolland Parc, bombardé à la tête de la commission centrale d’activité libérale de l’AP-HP, après avoir perçu jusqu’à 320 000 euros d’honoraires par an. La transparence tarifaire et le tact et mesure, bien sûr, mais pas pour tous. Interrogé par un confrère qui s’étonne que ses tarifs ne soient affichés nulle part, le Pr Édouard Kieffer, chirurgien vasculaire de la Pitié-Salpêtrière, s’agace : « Parce que vous vous croyez dans un restaurant ? ».
Divulguées sur la place publique, les manœuvres de feu Paul-Henri Cugnenc pour décrocher le pôle de cancérologie à l’HEGP, la fureur de Bernard Debré lorsque lui est refusé le statut de consultant (un poste qu’il parviendra à décrocher avec l’aide de Xavier Bertrand), le délire mégalomaniaque de certains qui exigent un bâtiment à leur nom, ou encore l’influence de trois doyens parisiens « redoutés », qui font et défont les nominations en tenant tête aux ministres (les Prs Berche, Schlemmer et Uzan).
Également en ligne de mire, le statut doré des PU-PH, « très sélect confrérie » dont on ignore le nombre exact de membres,qui pratique encore le népotisme (le Pr Yann Parc, PU-PH à Saint-Antoine, occupe le fauteuil de son père Rolland), et qui a décroché un « beau cadeau avant l’élection présidentielle » avec la revalorisation substantielle de sa retraite. Un passage égratigne les cumulards, à la fois PU-PH et politiques (Philippe Juvin, Olivier Jardé, Bernard Debré...).
Odile Plichon a mené une enquête approfondie sur plusieurs affaires, et réserve un chapitre entier à quelques « médecins stars ». Le parcours peu glorieux du Dr Stéphane Delajoux est décrit avec force minutie. Le réseau médical de Liliane Bettencourt, à la sincérité douteuse, est passé au crible. Le Pr David Khayat ? À la tête d’une « PME » avec son nombre incalculable de casquettes, ses livres, son gala annuel... La journaliste revient sur « l’affaire de l’INCA » (sa gestion, ses irrégularités), qui n’empêchera pas le cancérologue d’être nommé PU-PH de classe exceptionnelle après sa démission. Un chapitre est également réservé au Dr Roux, ce chirurgien cardiaque messin aux pratiques contestées, qui a fini révoqué, après avoir bénéficié, affirme Odile Plichon, du soutien de la Fédération hospitalière de France, qui a voulu éviter que la clinique Claude Bernard ne récupère l’activité.
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