AU CUR DES MONTAGNES de la Sierra maestra, à quelque 300 kilomètres de la capitale Mexico et à une soixantaine de kilomètres au nord de Querétaro - lieu de l’exécution de l’infortuné Maximilien, l’éphémère empereur du Mexique imposé par Napoléon III, fusillé par les partisans juaristes le 19 juin 1847 -, la ville de San Miguel de Allende apparaît dans toute sa splendeur lorsque les premiers traits du soleil percent la brume matinale, révélant le rose des palais baroques et les flèches pointées vers le ciel de l’église néogothique de la Parroquia.
Accolé à flanc de colline face à la rivière Laja, San Miguel de Allende, fondée en 1542 par le père franciscain Juan de San Miguel, fut longtemps une étape importante sur la route de l’argent de Zacatecas et de l’or de Guanajuato, ce qui lui apporta richesse et prospérité. Le nom de Allende lui fut accolé en 1826 en hommage à un héros de la guerre d’Indépendance, dont la tête tranchée par les Espagnols orna les murailles de la ville.
Avec ses ruelles en pente pavées à l’ancienne, véritable cauchemar pour amortisseurs, ses anciennes demeures coloniales, ses édifices historiques et ses églises parfaitement conservées, la ville - classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco - est un enchantement. À voir tout particulièrement l’église de San Miguel Arcangel, avec ses deux hautes tours roses, étonnant édifice que l’on doit au génie d’un maçon illettré, un certain Zeferino Gutteriez qui, sans le moindre plan ni la moindre formation, construisit au XVIIIe siècle ce véritable chef-d’uvre à mi-chemin du Palais du Facteur Cheval et des édifices inspirés de Gaudi. À voir aussi le Temple de la Conception de style néoclassique, et l’Oratoire de San Felipe Neri, avec ses 30 huiles réalisées par l’artiste Miguel Cabrera.
Centre artistique particulièrement consacré à la peinture - le grand peintre Siqueros y donna des cours dans les années quarante - la ville abrite une très réputée École des Beaux-arts, fréquentée par de nombreux étrangers, l’Instituto Allende, magnifique maison du XVIIIe siècle où sont dispensées aussi des leçons de littérature, de langue espagnole et d’histoire d’Amérique latine.
Comme dans toutes les cités mexicaines, les fêtes, surtout religieuses, sont nombreuses. En septembre c’est la grande fête du saint patron de la ville avec courses de taureaux et danses dans les rues. Le jour de Pâques, on brûle publiquement dans les rues l’effigie de Judas.
La beauté calme et ordonnée, un brin aristocratique de la ville, surnommée « El pueblo magico », est très prisée des Américains et des Canadiens, dont bon nombre résident une partie de l’année dans les spacieuses anciennes demeures coloniales avec patios verdoyants et colonnades.
« La Casa de Sierra Nevada », l’une des adresses mexicaines des hôtels Orient Express, offre un ensemble typique de ces superbes bâtisses coloniales des 16e et XVIIIe siècles. Situé au cur de la ville à quelques ruelles de la place principale, l’hôtel, réparti entre 9 bâtisses d’architecture espagnole, offre 31 chambres et suites, chacune décorée individuellement dans un esprit très mexicain. La plupart disposent de charmants patios avec fontaines, petits jardins et corridors ouverts. L’hôtel offre aussi deux excellents restaurants, La Casa del Parque et l’Andanza.
Une manne argentifère.
À une centaine de kilomètres de San Miguel de Allende, la ville de Guanajuato, elle aussi inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, offre un visage bien différent. Fondée en 1557 par les conquistadors, la ville a la particularité d’être construite dans un lieu hautement improbable : un ravin tortueux, encaissé, cerné littéralement par montagnes et collines abruptes et donc peu faciles d’accès. La raison de cette aberration géographique est toute simple. En 1570 fut découvert à flanc de colline de fabuleux filons de métaux précieux, dont un gisement d’argent, celui de la Valencia, l’un des plus riches jamais exhumés des entrailles de la terre. Durant 250 ans la Valencia fournit ainsi près de 30 % de la production mondiale d’argent.
Mal située mais bien lotie par la manne argentifère, la ville, qui rappelle un peu avec son entourage montagneux les villes andalouses du sud de l’Espagne, est extraordinairement riche en architecture coloniale. Accrochées à flanc de collines, les maisons aux façades colorées de pastel, ocres et jaunes moutarde, nimbées de lumière dorée au coucher du soleil, offrent un spectacle fascinant.
La prospérité de la ville atteint son apogée après les années 1820 et l’indépendance du Mexique, comme en témoigne la richesse des hôtels particuliers aux façades néoclassiques, les places fleuries, les rues élégantes, les musées, les églises et le somptueux théâtre Juarez, inauguré par le dictateur Porfirio Diaz à la fin du XIXe siècle.
La topographie improbable de la ville enchevêtrée de collines et de ravins a donné lieu à un surprenant système de tunnels et de voies souterraines, doublant le labyrinthe en surface de rues étroites et d’allées, d’escaliers raides et de ponts qui se succèdent jusqu’aux extrémités de la cité. Étrange et chaotique, l’atmosphère de Guanajuato a séduit plus d’un cinéaste qui l’a utilisé comme un studio à ciel ouvert, tel Luis Bunel pour son film « El » et Louis Malle pour « Viva Maria ».
Ville universitaire réputée, jeune et animée, Guanajuato s’honore d’avoir vu naître plusieurs peintres renommés, comme les grands spécialistes des peintures murales Diego Rivera, José Chavez Morado et le peintre Manuel Leal.
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