LE TEMPS DE LA MEDECINE
Avec près de 750 000 mètres carrés de sol, 520 000 volets d'escaliers, 840 000 mètres carrés de surface carrelée et 11 000 poubelles (il y a 20 tonnes de déchets par jour), le nettoyage du métro constitue une opération d'envergure.
« La RATP emploie entre 800 et 1 000 personnes pour le nettoyage du réseau. Avant de parfumer, la première chose à faire est d'enlever la source des odeurs », explique Jean-Michel Schutt, du département environnement-sécurité. La RATP se soucie depuis longtemps de l'odeur qu'elle offre à sentir à ses clients. Les premiers essais de désodorisation de l'air du métro, un mélange tellement particulier entre les graisses des escaliers mécaniques, l'échauffement des moteurs et l'odeur inhérente au sous-sol sont entrepris en 1927 sur la ligne 1 : les rames sont munies à l'arrière d'appareils pulvérisateurs d'essences odorantes. De 1932 à 1935, des essais de pulvérisation de produits parfumés d'essence naturelle de citronnelle sont expérimentés dans les tunnels. En 1993, un programme d'analyses et de recherche pour le traitement des nuisances olfactives est entrepris dans le métro. Des essais sont réalisés en diffusant des parfums dans l'air ou en pulvérisant certains parfums sur le sol.
L'opération « Odeur de propre », lancée en 1997, est la plus importante de toutes. « L'objectif est de créer une fragrance que le public puisse attribuer au métro, souligne Jean-Michel Schutt. Nous voulons arriver à quelque chose de frais et de neutre, comme l'odeur diffuse que l'on sent lorsqu'on entre chez un fleuriste. L'ambiance olfactive doit contribuer au sentiment de propreté et d'hygiène du voyageur : le parfum doit être compatible avec les détergents et les cires utilisés sur nos réseaux ».
Quatre fragrances élaborées par un parfumeur (le groupe anglo-saxon QUEST auquel l'on doit notamment le « J'Adore » de Dior) ont été expérimentées en 1998 dans huit stations. Grâce à une enquête voyageur de la SOFRES, une fragrance a été validée : le parfum Madeleine. La concentration de la fragrance Madeleine dans les émulsions et les produits de nettoyage est fixée à 5 %. Elle n'est appliquée qu'une fois par mois (la rémanence du parfum étant de quinze jours). Les émulsions parfumées ont été généralisées dès 1998 avec le traitement de 372 stations de métro et 12 gares souterraines du RER. « Mais pour les grandes surfaces comme les salles d'échange des gares du RER et les quais des stations de la ligne 14, dont les volumes posent des problèmes spécifiques, la technique de diffusion du parfum, expérimentée à la station Pyramides L14, est la micronisation », ajoute Jean-Michel Schutt.
Diffusion programmée
La RATP utilise des diffuseurs qui projettent le parfum pur avec de l'air comprimé à travers des buses spécifiques provocant un brouillard de particules imperceptibles. Chaque diffuseur est programmable selon la fréquence des trains, les jours de la semaine et les heures de la journée. Le but est de « parfumer le juste nécessaire » afin de ne pas incommoder les voyageurs.
Enfin, pour créer une ambiance olfactive dans le matériel roulant ferroviaire, le mode de propagation est la microencapsulation (testé prochainement dans les navettes de la ligne 14). Le parfum est emprisonné dans des microcapsules qui sont pulvérisés sur le sol. Il est libéré uniquement par les pas des voyageurs. Ainsi, l'ambiance olfactive est présente aux heures d'affluence et moins intense aux heures creuses.
Pionnière dans le domaine du parfumage des établissements recevant du public, la RATP a créé une fragrance dont l'odeur, telle une madeleine de Proust, n'est là que pour rappeler l'image du métro.
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