On sait qu'une hyperhomocystéinémie modérée constitue un facteur de risque de thromboembolie veineuse. Toutefois, on ne sait pas si c'est l'homocystéine qui est en elle-même coupable ou si c'est un autre élément de son cycle métabolique.
Il faut avant tout se rappeler le système de méthylation de l'homocystéine :
- la conversion d'homocystéine en méthionine, sous l'effet de la méthionine synthase, a besoin d'un donneur de méthyl (le méthyltétrahydrofolate) et d'un cofacteur, la vitamine B12 ;
- ayant donné son méthyl au cours de cette réaction, le méthyltétrahydrofolate est transformé en tétrahydrofolate ;
- le tétrahydrofolate est ensuite converti en méthylène-tétrahydrofolate ;
- ce dernier, sous l'action de la MTHF réductase, est transformée en méthyltétrahydrofolate, qui peut à nouveau donner un méthyl à une homocystéine.
Une hyperhomocystéine peut donc être associée à une faible concentration de méthionine, de méthylfolate ou de vitamine B12. Mais, comme la production de méthyltétra-hydrofolate est catalysée par la MTHF réductase, un polymorphisme de cette enzyme pourrait aussi être impliquée. Or, même si le C677T MTHF est associé à une hyperhomocystéinémie, elle n'est pas associée à un risque thromboembolique.
Enfin, il faut savoir que les concentrations d'homocystéine et des métabolites associés varie en fonction des compartiments corporels. Notamment, les taux plasmatiques ne sont pas de bons indicateurs de ce qui se passe dans les cellules. Or, jusqu'à présent, le plupart des études se sont basées sur les dosages plasmatiques.
C'est dire l'intérêt de l'étude d'Isabelle Quéré (hôpital Saint-Eloi, Montpellier) et coll., étude qui a porté non seulement sur les taux plasmatiques d'homocystéine, de méthionine et de folates, mais aussi sur les taux érythrocytaires de folates totaux et de méthylfolate ; cela en plus du génotype de la MTHF réductase et d'autres facteurs de risque connus. Ce travail a été réalisé, d'une part, chez 243 patients ayant une thrombose veineuse profonde ou une embolie pulmonaire et, d'autre part, chez des sujets contrôles appariés pour l'âge et le sexe.
Le principal résultat de cette étude est que le taux érythrocytaire de folates, en particulier de méthylfolate, est un puissant facteur de risque de thromboembolie veineuse. L'odd ratio est de 1 pour un taux de méthylfolate érythrocytaire à 249 μg/l et de 7,1 pour un taux de 141 μg/l ou moins.
Par ailleurs, des concentrations de méthionine inférieures à la moyenne étaient associées, de façon indépendante, à une augmentation du risque. De même, ce travail a confirmé le rôle de fateurs de risque déjà connus (indice de masse corporelle élevé, histoire de cancer, histoire familiale de thromboembolie, contraceptifs oraux, facteur V Leiden).
Enfin, le risque lié au taux de méthylfolate érythrocytaire varie selon le polymorphisme C677T de la MTHF réductase.
I. Quéré, T. Perneger, J. Zittoun, H. Bellet, J.-Ch. Gris, J.-P. Daurès, J.-F. Schved, E. Mercier, J.-P. Laroche, M. Dauzat, H. Bounameaux, C. Janbon et Ph. de Moerloose. « Lancet » du 2 mars 2002, pp. 747-752.
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