LA GLOBALISATION est dans l'air du temps, même en science : le phénomène se traduit par l'émergence des « omiques », ces stratégies d'étude qui permettent d'analyser différents phénomènes biologiques à l'échelle de la cellule.
Tout a commencé avec la « génomique », cette science qui a pour objet l'étude de l'ensemble des gènes d'un organisme vivant donné. Puis il y a eu la « transcriptomique » et la « protéomique », fournissant respectivement des informations sur l'activité de ces gènes et sur le contenu cellulaire en protéines qui en découle. Outre le fait qu'elles permettent d'appréhender les phénomènes biologiques dans leur globalité, ces approches constituent de puissants outils pour l'identification de cibles thérapeutiques et de marqueurs biologiques associés à toutes sortes de situations pathologiques.
Et voici qu'aujourd'hui arrive la « métabolomique », soit l'étude de l'ensemble des métabolites (sucres, acides aminés, acides gras...) présents dans une cellule, un organe ou un organisme. Cette stratégie peut évidemment se révéler fort utile à la compréhension des troubles du métabolisme, mais il apparaît qu'elle pourrait aussi permettre la découverte de biomarqueurs qui faciliteront le diagnostic et la prise en charge des maladies infectieuses. C'est en tout cas ce que suggère une étude internationale dirigée par le Dr Elaine Holmes (université de Princeton, New Jersey).
L'équipe de la chercheuse s'intéressent à la trypanosomiase africaine.
Une évolution en deux temps.
Cette maladie parasitaire évolue en deux temps : au cours de la première phase, les symptômes de la parasitose restent longtemps non spécifiques. En l'absence de traitement adapté, la maladie progresse et une anémie ainsi que des troubles endocriniens, cardiaques et rénaux finissent par apparaître. La trypanosomiase entre dans sa deuxième phase lorsque le parasite parvient à passer la barrière hémato-encéphalique. Les patients présentent alors différents symptômes neurologiques, en particulier une confusion mentale et des troubles de la coordination. Leur cycle du sommeil est extrêmement perturbé. Sans traitement, ils se dégradent jusqu'au coma, puis la mort.
Les modalités de prise en charge des patients atteints de trypanosomiase dépendent du stade de leur maladie.
Pas de méthode satisfaisante.
Malheureusement, il n'existe pas de méthode satisfaisante permettant de suivre l'évolution de cette parasitose : le diagnostic précoce se fonde sur des tests sérologiques, le diagnostic tardif sur l'analyse du liquide céphalo-rachidien, mais aucun test ne permet d'avoir davantage d'informations sur la progression de la maladie.
Plusieurs équipes ont récemment tenté d'identifier des biomarqueurs permettant d'améliorer le suivi des trypanosomiases. Certaines ont eu recours à la génomique, d'autres à la protéomique, mais aucune d'entre elles n'est parvenue à la mise en évidence de signatures moléculaires spécifiques de chacun des différents stades de la maladie.
Vers de nouveaux tests diagnostiques.
Dans ce contexte, Holmes et coll. ont tenté l'approche métabolomique.
Les chercheurs ont travaillé dans le modèle expérimental de la souris. Ils ont analysé les métabolites présents dans le plasma et l'urine des animaux tout au long de la maladie induite par l'inoculation de Trypanosoma brucei brucei. Si l'expérience n'a pas permis de découvrir des biomarqueurs spécifiques de chacun des stades de la trypanosomiase, elle a montré qu'il était possible de détecter des modifications du métabolome plasmatique dès le lendemain de l'infection.
Ce résultat suggère que la métabolomique pourrait permettre le développement de nouveaux types de tests diagnostiques, autorisant une détection précoce des trypanosomiases et probablement de bien d'autres types d'infections.
La globalisation est dans l'air du temps et elle fait avancer la science !
Wang Y et coll. « Proc Natl Acad Sci USA »
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