LE PLUS GRAND des festivals de théâtre prend en cet été une ampleur toute particulière. Il n’est pas plus long dans le temps (trois semaines), ni plus chargé en représentations. Mais il y aura en juillet dans la Cité des Papes tout ce que le monde du théâtre - et en oubliant évidemment les frontières souvent artificielles avec la danse, parfois la musique, le cirque, etc… -, tout ce que le monde du spectacle vivant compte parmi les plus fortes personnalités du moment.
On a assez fait reproche aux successeurs de Bernard Faivre-d’Arcier d’oublier les textes, pour être d’autant plus libre et souligner combien la programmation élaborée par Hortense Archambault et Vincent Baudriller paraît puissante en écritures. Écritures d’encre, mais écritures scéniques également.
L’artiste associé de cette 63e édition (le premier festival eut lieu en 1947) est le Libano-Canadien Wajdi Mouawad, très connu, admiré, aimé, joué en France.
C’est le mouvement qui soulève ce festival. Il commence le 7 juillet, hors les remparts, à la carrière de Boulbon, avec le cinéaste israélien Amos Gitaï qui met en scène « La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres », d’après l’auteur Flavius Josèphe et sa « Guerre des Juifs ». Une manière de comprendre ce qui n’a jamais changé, et l’on sera guidé par la grande Jeanne Moreau, toujours au plus près des questions qui agitent le monde sans jamais abdiquer l’exigence de son art.
Dès le lendemain, dans la cour d’Honneur du Palais des Papes, Wajdi Mouawad propose une longue traversée avec trois volets d’un quatuor dont on découvrira l’ultime pièce un peu plus tard, à Châteaublanc, « Ciels », qui achève « Le Sang des promesses », dont on aura vu ou revu dans la cour d’Honneur, en douze heures ou pas loin, « Littoral », « Incendies », « Forêts ». Guerre, exil, quête des origines, deuil, impossible réconciliation, autant de thèmes sans cesse retournés et en lesquels chacun reconnaît des bribes de sa propre histoire (8 au 12 et 18 au 29 juillet).
De grands classiques sont à l’affiche de ce festival avec « Casimir et Caroline », de Odon von Horvath, dans la cour d’Honneur (23 au 29 juillet), dans une mise en scène de Johan Simons et Paul Koek et « Angelo, tyran de Padoue », de Victor Hugo, à l’Opéra-Théâtre, première mise en scène du cinéaste Christophe Honoré, avec entre autres Marcial Di Fonzo Bo, Emmanuelle Devos, Clotilde Hesme (12 au 27 juillet).
Habitué d’Avignon, le Polonais Krzysztof Warlikowski propose « (A)Pollonia », montage de textes de Hanna Krall, Jonathan Littell, J.-M. Coetzee, mais aussi Euripide, Eschyle, dans la cour d’Honneur (16 au 19 juillet). Textes antiques encore avec Joël Jouanneau qui présente « Sous l’il d’dipe, au Gymnase du Lycée Mistral, avec Sophocle, Euripide, (12 au 26 juillet).
Claude Régy se tourne vers Fernando Pessoa et son « Ode Maritime », dans une nouvelle salle à Montfavet (9 au 25 juillet) avec Jean-Quentin Chatelain. Le Canadien Denis Marleau met en scène la première pièce de Thomas Bernhard, « Une fête pour Boris », à voir au Tinel de la Chartreuse (8 au 15 juillet), le Suisse Christoph Marthaler présente un spectacle à sa façon « Riesenbutzbach », « Eine Dauerkolonie » (Une colonie permanente), à Châteaublanc encore (23 au 26 juillet). Citons aussi le Flamand Jan Lauwers et la NeedCompany, qui présente sa trilogie « La Chambre d’Isabelle », « Le Bazar du Homard », « La Maisons des cerfs », à Châteaublanc, (12, 14, 18 juillet) et son nouvel opus tout seul, « La Maison des cerfs (13, 16, 17) ; l’Italien Pippo Delbono avec « La Menzogna » (Le Mensonge), cour du Lycée Saint-Joseph (18 au 27 juillet), le Suisse Stefan Kaegi qui a écouté, au Caire, les voix de la ville et donne « Radio Muezzin », au Cloître des Carmes (22 au 28 juillet).
Et ceci n’est qu’une partie du programme. Côté danse, de grands noms, Jan Fabre, Maguy Marin et beaucoup de découvertes, dont Dave St-Pierre, un Québécois encore peu connu en Europe. Il y a aussi de la musique, des concerts, les formes personnelles de « la vingt-cinquième heure », les propositions en collaboration avec la SACD (Société des auteurs), des conférences, des débats, des rencontres, des expositions. Bref un superbe festival.
Tous renseignements et réservations au + 33 (0)4.90.14.14.60.14 et + 33 (0)4.90.14.14.14. Et www.festival-avignon.doc
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