«ON A LE PÉTROLE, mais on n’a pas les forages!» : voilà l’image qu’aime utiliser Ghislaine Alajouanine, la présidente du directoire de la Fondation pour la recherche médicale (FRM) pour mobiliser les entreprises sur les grands enjeux de santé publique, pour leur offrir la possibilité de contribuer au «meilleur de la recherche française». Il y a encore quelques années, les crédits alloués par l’Etat français à la recherche médicale couvraient 50 % des besoins des laboratoires publics. Aujourd’hui, un tiers seulement du financement de ces laboratoires sort des caisses de l’Etat, le reste vient de l’industrie pharmaceutique et de l’aide privée. Or la part du financement de l’industrie pharmaceutique stagne, les dons et legs de particuliers et le soutien d’entreprises semblent donc de plus en plus nécessaires.
Les dons des particuliers étant par définition limités, il faut recourir aux entreprises pour financer une recherche médicale dont les besoins financiers, liés à l’utilisation de techniques de pointe coûteuses, augmentent sans cesse. «En 2005, la FRM a soutenu 700programmes de recherche, sur les 18millions d’euros investis, un seul provenait d’entreprises. La recherche médicale, c’est notre affaire à tous, les entreprises, dont l’intérêt pour le domaine de la santé est de plus en plus grand, ne doivent pas rester sur le côté de la route. Avec le mécénat scientifique, nous leur permettons de contribuer aux grandes découvertes de demain.»
Un seul critère : l’excellence.
Le programme est ambitieux, annonce le Dr Joëlle Finidori, directrice scientifique du directoire FRM : 25 équipes françaises ont été sélectionnées par les membres du conseil scientifique de la fondation, sur le seul critère de l’excellence. Cela représente 7 millions d’euros sur trois ans. Deux cent quatre-vingt-huit laboratoires publics ont répondu à l’appel d’offres, les projets retenus couvrent le plus grand nombre de domaines de la santé.
«Nous avons choisi des thématiques de santé publique comme l’ostéoporose, avec un projet étudiant les cellules souches du tissu adipeux qui peuvent se transformer en cellules matures du tissu osseux, mais aussi des projets de recherche sur des maladies rares comme celui de l’institut de génétique et de biologie moléculaire de Strasbourg sur l’ataxie de Friedreich. Nous avons voulu privilégier des projets aux possibilités d’application thérapeutique à court terme, mais certains s’inscrivent en amont de nouvelles perspectives thérapeutiques. C’est le cas de la recherche menée par l’institut pharmacologie cellulaire de Nice, par exemple, qui s’intéresse à la manière de dissoudre les plaques de peptides amyloïdes dans la maladie d’Alzheimer.»
Ainsi, des thématiques aussi différentes que le cancer, les mécanismes de la douleur ou la résistance bactérienne aux antibiotiques pourront trouver un financement pérenne pouvant aller jusqu’à 300 000 euros.
Ticket champion.
Le discours tenu aux entreprises se veut très convaincant : en soutenant ces équipes labellisées, les entreprises ont l’assurance de participer au financement des programmes français les plus prometteurs.
«Le couple entrepreneurs-chercheurs est indissociable, c’est le ticket champion pour valoriser notre capital économique et social, en pariant sur l’intelligence et sur l’espoir», expose avec ferveur Ghislaine Alajouanine.
Pour l’entreprise, il s’agit de concilier enjeux d’image et enjeux humains. Soutenir la recherche médicale, leur explique-t-on, c’est s’engager pour une cause jugée prioritaire par 45 % des Français (3), c’est être solidaire d’un défi à relever, c’est mobiliser et fédérer ses collaborateurs autour d’une cause d’intérêt général, valoriser son image auprès des clients, des fournisseurs, des pouvoirs publics, c’est remplir une part de ses objectifs en termes de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Enfin, bien sûr, cela permet de profiter des déductions fiscales relatives au mécénat (60 % du don dans la limite de cinq pour mille du chiffre d’affaires).
«Nous offrons aux entreprises la garantie de qualité des équipes sélectionnées, nous ne savons pas de quel domaine viendront les progrès, mais nous savons qu’ils émaneront de l’excellence, nous leur proposons un outil sociétal clés en main!»
Fondation pour la recherche médicale : www.frm.org.
(1) Rapport de l’Observatoire des sciences et des technologies.
(2) Rapport du comité des biotechnologies du Leem, 2005.
(3) Unogep, juin 2005.
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